Quand demander une aide sociale devient un parcours du combattant

Quand demander une aide sociale devient un parcours du combattant

SOLIDARITE – La ministre déléguée en charge de la lutte contre l'exclusion, Marie-Arlette Carlotti, a lancé ce mardi l’expérimentation d’un dossier unique pour faciliter les demandes de prestations sociales…
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Le dernier avis d’imposition, la pièce d’identité, une quittance de loyer de moins de trois mois, sans oublier un dossier de six pages à remplir… avant de faire la queue pendant trois heures à la CAF (Caisse d’allocations familiales) ou à la caisse d’assurance maladie. Tel est le chemin de croix que connaissent de nombreux demandeurs d’aides sociales. Des démarches complexes et pénibles qui les découragent parfois d’aller plus loin. D’où un taux de non recours moyen de 40% aux prestations sociales*.

Un dysfonctionnement auquel veut s’attaquer le gouvernement. Pour faciliter les démarches des bénéficiaires des minima sociaux Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée en charge de la lutte contre l'exclusion a annoncé ce mardi la mise en œuvre de l’expérimentation pendant un an du dossier unique dans deux départements: la Loire-Atlantique et la Seine-et-Marne. «L’idée est simple: le demandeur d’aide sociale n’aura à fournir qu’une fois ses documents administratifs et à remplir qu’un seul dossier pour demander une ou plusieurs prestations sociales. Ce ne sera plus lui qui circulera, mais sont dossier», explique la ministre. Le dossier unique concernera les demandes de RSA (revenu de solidarité active), d’ASS (allocation de solidarité spécifique), d’ASPA (allocation de solidarité pour les personnes âgées, d’aides à la couverture santé (CMU et ACS) et d’allocation logement (APL).



Aides automatisées

«En touchant le RSA (revenu de solidarité active), on bénéficiera par exemple de façon automatique de la complémentaire santé et de l'APL. Ce sera utile pour les administrés comme pour l'administration», souligne Marie-Arlette Carlotti. Car selon Jérome Jumel, directeur Solidarité insertion en Loire-Atlantique : «Beaucoup de personnes ignorent les aides auxquelles elles peuvent prétendre. Et remplir un dossier lorsqu’on ne parle pas bien français ou qu’on ne maitrise pas l’informatique devient vite impossible. D’où les queues interminables dans certains organismes».

Si l’expérimentation est concluante, elle sera étendue à d’autres départements, afin d’aboutir à des propositions générales pour une simplification des procédures au niveau national. «La simplification administrative est un gros chantier et demandera de gros efforts aux organismes sociaux. Cela prendra du temps», prévient la ministre. «Mais il en va de l’efficacité de nos politiques», a t’elle assuré. En facilitant le recours aux aides sociales, le gouvernement espère aussi aider les personnes précaires à rebondir plus rapidement. «Car le non recours aux prestations sociales les enfonce dans la pauvreté», souligne Jérôme Jumel.

*Le non recours est de 68% pour le RSA (revenu de solidarité active) activité, de 33% pour le RSA socle et de 80% pour l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé.