VIDEO. Une campagne pour lutter contre l’inceste diffusée ce mardi sur Internet

VIDEO. Une campagne pour lutter contre l’inceste diffusée ce mardi sur Internet

VIOLENCES – Le Collectif féministe contre le viol assure que 52% des victimes qui composent le numéro vert évoquent des faits subis durant l’enfance…
Vincent Vanthighem

Vincent Vanthighem

On la voit se brosser les dents, apprendre à nager et à dessiner. «Cette enfant est comme la plupart des enfants, annonce la voix off. Sage, obéissante. Et pourtant, elle souffre d’insomnies, grandira mal et fera sa première tentative de suicide à 12 ans. Tout ça parce qu’elle écoute son papa qui lui dit que c’est normal…» Le Collectif féministe contre le viol (CFCV) lance, ce mardi, une campagne pour lutter contre l’inceste.



Conçu par l’agence Paris en Australie, le petit film de trente-cinq secondes sera diffusé sur Internet, via les réseaux sociaux, pendant une semaine avant de faire son apparition sur les chaînes de télévision qui lui ont offert des espaces gratuits pour servir la cause. Celle-ci tient en deux phrases martelées à la fin du film: «L’inceste est toujours un crime» et «Un enfant n'est jamais consentant».

Deux millions de victimes en France?

Le CFCV n’a pas eu trop de difficultés à rédiger le message. Sur les 6.000 à 8.000 personnes qui composent chaque année le numéro vert SOS Viols (0800.05.95.95), 52% évoquent des faits qui remontent à l’enfance. «Souvent, les appelants nous parlent de leur mal-être, explique ainsi la coordinatrice du CFCV. Et lorsque l’on creuse, on s’aperçoit qu’elles ont subi des agressions sexuelles durant leur enfance. Des agressions qui émanent, le plus souvent, de l’entourage proche. C'est-à-dire, la famille, les parents, les voisins…»

Tabou dans la société, l’inceste ne fait pas l’objet de statistiques précises. En 2009, un sondage réalisé par l’institut Ipsos pour l’Association internationale des victimes d’inceste, estimait à deux millions le nombre de victimes en France. Selon cette étude, réalisée à l’époque sur 931 personnes, un Français sur quatre assure connaître dans son entourage une victime d’inceste.

Allonger les délais de prescription

«Le but de cette campagne, c’est de dire que l’enfant n’est jamais consentant, martèle le docteur Gilles Lazimi qui a participé au projet de campagne. Et pour cela, nous demandons la réinscription de l’inceste dans le droit pénal.» Présent dans le Code pénal depuis 2010, l’inceste a disparu, en septembre 2011, après une décision du Conseil constitutionnel qui estimait sa définition trop «floue». Aujourd’hui, l’inceste, considéré comme une circonstance aggravante du viol, est puni de vingt ans de réclusion criminelle.

A travers cette campagne, le CFCV voudrait également réclamer un allongement des délais de prescription. «Pour la plupart des victimes qui évoquent des faits très anciens, le délai de prescription est souvent passé. Du coup, quand elles se sentent prêtes à agir, on ne peut plus rien faire pour qu’elles obtiennent justice», regrette ainsi la coordinatrice du projet.

Saisie de cette question, la Cour de cassation a refusé, en décembre 2013, à une victime le droit de repousser les délais de prescription pour des faits vieux de trente-cinq ans dont elle s’était souvenue après une séance d’hypnose.

En chiffres

Depuis sa création en 1986, le Collectif féministe contre le viol a reçu les appels de 45.800 victimes différentes au numéro Vert (0800.05.95.95). Chaque année, près de 8.000 personnes composent le numéro. «Un tiers d’entre elles sont des nouvelles victimes, un tiers d’anciennes victimes que nous suivons et un tiers émanent de proches inquiets», explique la coordinatrice du CFCV.