Education prioritaire: Peillon concentre les moyens sur les ZEP

Education prioritaire: Peillon concentre les moyens sur les ZEP

Comment attirer et garder des professeurs motivés dans les établissements ...
© 2014 AFP

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Comment attirer et garder des professeurs motivés dans les établissements les plus difficiles et y améliorer les résultats des élèves? Avec de meilleures indemnités pour les profs, des décharges horaires, des projets pédagogiques innovants soutenus sur la durée, répond Vincent Peillon.


«La France est devenue le pays le plus inégalitaire du point de vue scolaire, cela appelait un sursaut», a déclaré jeudi le ministre de l'Education nationale, détaillant lors d'une conférence de presse sa réforme de l'éducation prioritaire (20% des élèves) qui a échoué depuis trente ans à donner les mêmes chances aux enfants de milieux défavorisés.

«En réalité», comme l'a relevé la Cour des comptes, le système éducatif ne donne «pas davantage à ceux qui ont moins» mais «à ceux qui sont déjà bien pourvus et il ne donne pas assez à ceux qui sont en difficulté», a-t-il souligné.

Et en France les difficultés «sociales et scolaires sont beaucoup trop corrélées». Ce constat vient d'être rappelé par l'enquête Pisa de l'OCDE. Pour M. Peillon, «un système aussi injuste que le nôtre est en plus un système qui est totalement inefficace».

L’objectif est que l'écart de performance entre les élèves de l'éducation prioritaire et les autres, qui dépasse 30%, soit réduit à 10%. «On ne veut pas une école au rabais (...) des programmes adaptés pour les pauvres», a assuré le ministre, mais la «même exigence pour tous»: «que tous les élèves de France aient la même chance de réussir».

A «moyens constants», la réforme s'appuiera sur une «redistribution», avec l'affectation de postes déjà programmés dans la loi jusqu'en 2017, a-t-il précisé. Cela représente 300 à 400 millions d'euros «réaffectés prioritairement» dans les zones les plus sensibles.

Davantage de moyens seront donc donnés aux réseaux (écoles et collèges) les plus difficiles, d'abord 100 à la rentrée 2014, 350 en 2015, baptisés REP+, tandis que le label Eclair disparaîtra. Le périmètre global de l'éducation prioritaire «sera le même, un millier de réseaux».

Revalorisation des primes

Les réseaux répondront à des critères sociaux: origine socio-professionnelle, part d'élèves boursiers, habitant en zones urbaines sensibles et/ou ayant au moins un an de retard à l'entrée en 6e.

«Ce qui nous préoccupe d'abord» c'est d'«accompagner les élèves dans leurs apprentissages», a souligné M. Peillon. Les établissement difficiles bénéficieront en priorité des créations de postes du dispositif «plus de maîtres que de classes» et pour la scolarisation des moins de trois ans.

Les élèves de 6e seront accompagnés en petit groupe, avec un enseignant ou un assistant d'éducation: aide aux devoirs, soutien méthodologique, tutorat, soutien en ligne... D'abord dans les collèges les plus difficiles, puis dans toutes les zones prioritaires.

L'un des principaux problèmes des établissements prioritaires est d'attirer puis garder les professeurs. Une partie s'en va dès qu'ils ont assez de points, sans faire bénéficier de leur expérience les débutants et contractuels, démunis face à des élèves à faible niveau et dont l'intérêt même d'aller à l'école peut ne pas aller de soi.

Face à ce défi, le ministre a annoncé une revalorisation des primes: doublement dans les établissements les plus difficiles, hausse de 50% dans les autres.

Reconnaissance de la lourdeur de leur tâche, les enseignants auront aussi des décharges horaires: 1H30 de cours en moins par semaine dans les collèges les plus difficiles, neuf journées libérées pour les professeurs des écoles, pour un suivi personnalisé des élèves, du travail d'équipe, des rencontres avec les parents...

Le temps passé en éducation prioritaire pourra être pris en compte dans le déroulement de carrière. L'acclimatation des enseignants sera favorisée: trois jours de formation au moins par an pour les nouveaux nommées en éducation prioritaire, tutorat, présentation de l'établissement avant la prise en fonction.

Les profs seront aussi soutenus: le travail d'équipe sera animé par un coordonnateur, des formateurs les accompagneront et des moyens seront attribués pour mettre en oeuvre les projets des établissements sur quatre ans.

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