L'inversion de la courbe du chômage, le mantra de François Hollande
François Hollande s'est fixé l'objectif d'inverser la courbe ...© 2013 AFP
François Hollande s'est fixé l'objectif d'inverser la courbe du chômage à partir de la fin de l'année. Un engagement martelé sans relâche, à l'heure où la France compte encore plus de 3 millions de chômeurs sans aucune activité. Il faudra toutefois attendre début 2014 pour en juger.
QUESTION: A quoi le chef de l'Etat s'est-il engagé ?
REPONSE: «Nous devons inverser la courbe du chômage d'ici un an», lance pour la première fois le chef de l'Etat le 9 septembre 2012 sur TF1. «Nous devons y parvenir coûte que coûte», «d'ici un an», renchérit-il lors des vœux aux Français du 31 décembre, repoussant de fait l'échéance à fin 2013.
En février, nettement moins optimiste après des prévisions alarmantes de la Commission européenne, François Hollande lie le reflux du chômage à un regain de croissance, pas attendu avant 2014. Une déclaration interprétée comme un renoncement par l'opposition.
Mais peu après, il réaffirme que l'objectif est «tenable». Et va jusqu'à promettre qu'«à la fin de l'année, nous serons dans une baisse du nombre de chômeurs».
Depuis, le président de la République a réitéré maintes fois sa «volonté» de parvenir à cette inflexion dont il a fait son «premier objectif». En dépit des prévisions qui n'ont jamais accrédité son optimisme.
En septembre, sur TF1, il se montre même très confiant: «On est tout près du but. Nous y sommes presque», affirme-t-il.
Après l'annonce de la baisse du nombre de chômeurs sans activité en octobre, François Hollande estime que l'inversion est «amorcée».
Vendredi encore, en dépit des dernières prévisions nettement moins optimistes de l'Insee, le chef de l'Etat confirme une nouvelle fois son objectif.
Q: Quand pourra-t-on réellement dire si l'objectif est atteint ou non ?
R: Le verdict ne sera rendu que le 27 janvier, quand les chiffres des inscrits à Pôle emploi fin décembre seront connus, estime l'exécutif.
Pour connaître le taux de chômage au quatrième trimestre, publié par l'Insee avec deux mois de décalage, il faudra toutefois attendre jusqu'au 6 mars 2014.
A cette date, l'Institut de la statistique publiera un chiffre calculé sur la base d'une enquête rénovée, ce qui aboutira à baisser le taux de chômage de 0,3%. Une modification qui arrivera à un moment très délicat, avant les élections municipales.
Mais l'opposition, comme l'opinion, pourraient réclamer des comptes au gouvernement dès le 31 décembre, échéance devenue symbolique à force d'être martelée par le chef de l'Etat et le gouvernement.
Q: Quels chiffres regardera le gouvernement ?
R: Il existe deux façons d'appréhender le chômage: le nombre des inscrits à Pôle Emploi, que le ministère du Travail publie chaque mois, et le taux de chômage, calculé chaque trimestre par l'Insee à partir d'une enquête réalisée auprès de 100.000 personnes, selon des critères internationaux.
Pôle emploi recensait ainsi 3,27 millions de demandeurs d'emploi sans aucune activité fin octobre en métropole, un chiffre proche du record historique (3,29 millions). Selon l'Insee, le taux de chômage s'élevait à 10,5% de la population active au troisième trimestre.
C'est au premier de ces deux indicateurs que le gouvernement se réfère le plus souvent. Bien connu du grand public, il a également l'avantage de refléter plus rapidement l'effet des emplois subventionnés, sur lequel l'exécutif mise beaucoup pour tenir son objectif.
Mais le gouvernement évoque aussi parfois le taux de l'Insee, souvent préféré par les économistes qui le jugent plus pertinent en matière de comparaisons internationales. Ils apprécient également qu'il ne soit pas tributaire d'aléas administratifs (radiations etc.).
Malgré de possibles divergences ponctuelles, ces deux indicateurs ont généralement tendance à converger.
«Si ça s'inverse pour l'une (de ces courbes), ça s'inverse pour l'autre», assure-t-on au ministère du Travail, soucieux d'éviter que le débat tourne à «une querelle sur les chiffres».