Être G.O. au Club Med, et après? «Si on y reste trop longtemps, c'est compliqué de revenir à la vie civile»
TÉMOIGNAGES•es internautes de «20 Minutes» passés par le Club Med nous expliquent comment cette expérience a bouleversé leur carrière...Christine Laemmel
«L’Espagne, l’Egypte, trois fois, l’Italie, la Suisse, les Bahamas, la Guadeloupe et Bora Bora, pour finir.» Et ça, c’est juste le palmarès de Catherine. Restée sept ans dans la «cage dorée» du Club Med. Alors qu’une étude de l’entreprise de vacances, montrait que 64% des ex-employés ont trouvé un emploi dans les trois mois suivant leur expérience au Club Med, qu’est-ce que cache cette apparente employabilité? Avoir été G.O., est-ce un coup de pouce ou un boulet à trainer? Les internautes de 20 Minutes nous ont répondu.
«Vous avez dû bien vous amuser». Cette phrase, Annaik, 28 ans, ancienne animatrice du «Password» (équivalent du «Babyclub» pour les ados), l’a entendu plus d’une fois en entretien d’embauche. Assortie d’un large sourire, elle trahit l’idée qui veut que les G.O. sont au Club comme en vacances, principal a priori, et aussi qu’«on est peut-être une fille facile», précise-t-elle, en riant jaune.
Christophe raconte avoir parfois fait le déplacement, juste pour assouvir la curiosité des employeurs. «Les gens voulaient voir à quoi ressemble un G.O, analyse l’ancien maitre nageur. A l’accueil j’entendais des "C’est lui? C’est lui?" quand je passais, et les seules questions qu’on me posait tournaient autour de pourquoi j’ai fait ça et pourquoi j’ai arrêté.»
«Si vous aviez fait ça dix ans, je ne vous aurais jamais recrutée»
Selon Catherine, c’est tout ou rien. «Hors de question» ou un oui au premier coup d’œil sur le CV, «souvent quand les gens sont déjà venus au Club», estime-t-elle. Il y a aussi ceux qui tolèrent. «Si vous aviez fait ça dix ans, je ne vous aurais jamais recrutée», a un jour rétorqué un futur employeur à Annaik. A force d’écueils, elle a mis trois ans à décrocher un CDI. Refroidie par les recruteurs certes, mais aussi un peu déboussolée. «Je m’ennuyais», avoue la jeune femme. Une fois mal à l’aise dans «une ambiance guindée», une autre avec l’impression d’être «déconnectée».
«Il y a un temps de réadaptation», reconnaît Christophe, le temps de sortir de sa «cage dorée». L’expression citée par Catherine, monitrice de voile qui a ensuite ouvert une brasserie, puis un tabac-presse, est reprise par tous. «Si on y reste trop longtemps, c’est compliqué de revenir à la vie civile», est persuadée cette internaute de 54 ans.
Ses sept ans à elle ont suffi à lui faire oublier le fonctionnement des impôts locaux et le prix d’un caddie plein. «La première fois que je suis sortie faire les courses, j’ai rempli mon caddie, et présenté naturellement un maigre billet de 50 euros à la caisse», raconte-t-elle, encore étonnée. «On est piqué quand on y est» confirme Annaik, quand Christophe confie sa difficulté à ne plus tutoyer tout le monde.
«Certains pourraient bosser à la Poste sans problème, beaucoup ont replongé»
Tous marqués, ils louent aussi l’efficacité de cette «bulle», tant qu’on se laisse du temps, et qu’«on sait se vendre», estime Nicolas. «Si je n’avais pas été G.O., nous dit Catherine, je serais restée dans ma campagne à bosser à l’usine», louant «l’école de la vie Club Med». «A la question, "Peux-tu faire ça?", la bonne réponse était "Je vais essayer et apprendre", se souvient-elle. J’avais peur d’aller sur scène et j’ai fini par monter des cafés-théâtres.» «On peut bosser douze heures par jour trois semaines d’affilée», argue Nicolas et ce «sans droit à l’erreur» complète Annaik, ni permission de ne pas sourire.
Reste à «guérir de ce style de vie» et retrouver «une certaine stabilité». En poste depuis un an, «un record», Annaik a désormais 28 ans, et se sent prête à se poser. Depuis 2005, Catherine a revendu son commerce et travaille désormais comme responsable dans l’hôtellerie. Nicolas est technicien sur des plateformes offshore en Afrique depuis trois ans, après avoir été capitaine de bateau pour un prestataire du Club Med. Christophe, après avoir tenté de monter un club de plongée à la Réunion, est finalement directeur d’un village de vacances. «Certains pourraient bosser à la Poste sans problème, estime-t-il, beaucoup ont replongé».