Réforme des rythmes scolaires: La rentrée 2014 sera-t-elle aussi explosive que celle de 2013?
EDUCATION – En 2014, toutes les communes devront passer à la semaine de quatre jours et demi. Et si la contestation ne sera plus nationale, des poussées de fièvres locales sont à prévoir…Delphine Bancaud
En 2013, seules 17% des communes ont mis en œuvre les nouveaux rythmes scolaires. Toutes les autres devant passer à la semaine de quatre jours et demi à la rentrée 2014. Une période qui s’avère d’ores et déjà critique pour le ministre de l’Education, compte tenu des oppositions multiples que cette réforme a suscitées cette année.
«D’autant qu’en 2013, seules les villes volontaires se sont engagées dans la démarche, alors qu’en 2014, ce seront toutes les autres, dont celles qui traînent le plus les pieds», souligne Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp. «Potentiellement, on risque de vivre les couacs de la rentrée 2013 puissance cinq, puisqu’il y aura cinq fois plus de communes qui passeront à quatre jours et demi», annonce-t-il.
«Une application à géométrie variable»
Claude Lelièvre, historien de l’éducation, prévoit déjà «une application à géométrie variable dans les communes, même si le débat sur la réforme ne sera plus national», précise-t-il. Un avis partagé par le président de l'Association des maires de France (AMF), Jacques Pélissard: «Certaines communes auront du mal à financer sa mise en œuvre, d’autres éprouveront des difficultés à recruter des animateurs ou à trouver suffisamment de locaux disponibles pour les activités périscolaires.» L’AMF souligne d’ailleurs que les sujets brûlants qu’elle a mis sur la table à la rentrée 2013 n’ont toujours pas été tranchés: «Nous ne savons toujours pas si les aides financières de l’Etat seront pérennisées après 2014, si les normes d’encadrement des activités périscolaires seront assouplies et si le dispositif sera adapté en maternelle.» Mais malgré la grogne de certains édiles, Jacques Pélissard n’imagine pas pour autant «que les maires qui ont menacé de boycotter la réforme le feront réellement». Et pour lui, les poussées de fièvres, si elles ont lieu, demeureront locales.
Reste que pour Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, il existe des raisons d’espérer que la deuxième vague du passage aux nouveaux rythmes se passe mieux que la première. «Les municipalités auront eu plus de temps pour organiser la concertation avec les parents et les écoles ainsi que pour recruter des animateurs. Ils auront aussi pu tirer les enseignements des ratages de 2013 et bénéficieront des recommandations des comités de suivi de la réforme», souligne-t-il. D’autant que le contexte des élections municipales devrait jouer favorablement, comme le souligne Claude Lelièvre, historien de l’éducation: «Certains maires feront de la qualité des activités périscolaires un argument électoral.»