Les idées reçues les plus courantes sur l’accouchement
•SANTE – L’imaginaire collectif est riche de clichés sur l’accouchement. Florian-Charles Colas, sage-femme libérale à Nice, les décrypte…Delphine Bancaud
Alors que les députés examinent ce jeudi une proposition de loi centriste visant à autoriser l'expérimentation des maisons de naissance, 20 Minutes a consulté Florian-Charles Colas, sage-femme libérale à Nice, pour décrypter les poncifs les plus fréquents à propos de l’accouchement.
Les césariennes sont de plus en plus fréquentes
«C’est une affirmation que j’entends souvent dans mon cabinet. Peut-être parce qu’il y a quelques années, les obstétriciens étaient mieux rémunérés pour une césarienne que pour un accouchement par la voie basse, ce qui incitait certains à en pratiquer souvent», explique Florian-Charles Colas. Une idée fausse car selon la dernière étude sur la situation périnatale en France, le taux de césarienne était de 21% en 2010 et restait stable aussi bien chez les primipares (femme qui accouche pour la première fois) que chez les autres femmes, avec ou sans antécédent de césarienne. «Les césariennes ne sont programmées que pour des cas précis (siège, jumeaux, diabète gestationnel, hypertension de la mère…) ou dans des cas d’urgence (sauvetage maternel ou fœtal)», précise Florian-Charles Colas.
L’épisiotomie, c’est systématique
«A une certaine époque, on préconisait quasi systématiquement une épisiotomie. Mais ce n’est plus le cas car la preuve scientifique de ses bénéfices n’a pas été faite. Aujourd’hui est n’est pratiquée que si le périnée est sur le point de se déchirer ou si le rythme cardiaque du bébé ralentit», souligne Florian-Charles Colas. En effet, selon l’étude sur la situation périnatale en France, la proportion de femmes primipares ayant subi une épisiotomie est passée de 71% à 45% entre 1998 et 2010. Une diminution qui résulte en partie des recommandations du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) de 2006, qui invitaient à les limiter.
L’accouchement, c’est une torture
«Presque toutes mes patientes en sont persuadées. C’est sans doute dû au conditionnement psychologique qu’elles subissent car on leur prédit depuis toujours la souffrance. Or, certaines femmes gèrent très bien la douleur des contractions. Et grâce à la péridurale, l’accouchement n’est plus synonyme de souffrance», explique Florian-Charles Colas.
Il y a plus d’accouchements les soirs de pleine lune
«C’est un des lieux communs les plus courants chez mes patientes. Sans doute dû au fait que la Lune agit sur l’eau, donc certaines imaginent qu’elle peut aussi agir sur… la poche des eaux! Mais cela ne s’est jamais vérifié dans les statistiques», souligne Florian-Charles Colas. En 2005, une étude américaine a ainsi prouvé que le nombre d’accouchements était identique lors des différentes phases du cycle lunaire.
Avec la péridurale, on passe à côté de l’événement
Certaines femmes sont persuadées qu’avec la péridurale, elles seront dans un état de semi-conscience et qu’elles ne verront pas vraiment leur bébé naître. «Or, la péridurale peut être plus ou moins dosée et dans de plus en plus d’hôpitaux, ce sont les femmes elles-mêmes qui gèrent le dosage via une pompe. Et si la dose est bien adaptée, la mère sentira le passage du bébé», assure Florian-Charles Colas.
Il faut forcément être en position gynécologique pour accoucher
«C’est une phrase que j’entends couramment, alors que l’on peut accoucher de côté ou à quatre pattes selon ce que préconise le praticien», précise Florian-Charles Colas.
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