Les «Tontons flingueurs» orphelins après la mort de Georges Lautner

Les «Tontons flingueurs» orphelins après la mort de Georges Lautner

Le cinéaste Georges Lautner est mort vendredi à l'âge de 87 ...
Le cinéaste Georges Lautner est mort vendredi à l'âge de 87 ans, plongeant dans la tristesse le monde du cinéma mais aussi des milliers d'anonymes amoureux des "Tontons Flingueurs", un film devenu culte qui l'avait réconcilié avec la critique après des années de malentendu.
Le cinéaste Georges Lautner est mort vendredi à l'âge de 87 ans, plongeant dans la tristesse le monde du cinéma mais aussi des milliers d'anonymes amoureux des "Tontons Flingueurs", un film devenu culte qui l'avait réconcilié avec la critique après des années de malentendu. - Valery Hache AFP
© 2013 AFP

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Le cinéaste Georges Lautner est mort vendredi à l'âge de 87 ans, plongeant dans la tristesse le monde du cinéma mais aussi des milliers d'anonymes amoureux des «Tontons Flingueurs», un film devenu culte qui l'avait réconcilié avec la critique après des années de malentendu.

«Georges Lautner était un homme incroyablement déconneur et humble. Il avait cette inconscience de la place qu'il occupait», a déclaré à l'AFP le délégué général du festival de Cannes, Thierry Frémaux, confiant que l'Américain Quentin Tarantino «connaissait tous ses films».

Si ses acteurs (Gabin, Ventura, Blier, Belmondo, Delon...) et son dialoguiste fétiche Michel Audiard étaient plus célébrés que lui, «Georges n'en concevait aucune amertume, ni jalousie. Il disait +on voulait se marrer, je sais ce que j'ai fait+», a-t-il raconté.

Né à Nice le 24 janvier 1926, Georges Lautner avait découvert dès l'enfance l'univers des salles obscures grâce à sa mère, la comédienne Renée Saint-Cyr, qui était apparue dans plusieurs de ses films.

«Marche ou crève» en 1960 a marqué le début d'une longue collaboration avec Bernard Blier. En 1961, le succès populaire était déjà au rendez-vous avec «Le Monocle noir», comédie policière avec Paul Meurisse.

Mais c'est deux ans plus tard que Georges Lautner a connu la consécration avec la comédie «Les Tontons flingueurs», inusable succès d'audience à chaque passage à la télévision, et que France 2 diffusera dimanche en guise d'hommage.

Le film avec Bernard Blier, Lino Ventura, Francis Blanche, Jean Lefebvre ou encore Robert Dalban, fêtera mercredi les 50 ans de sa sortie en salles.

«Modestie charmante et métier sûr»

Après les «Tontons», le duo Lautner/Audiard a enchaîné les succès d'audience, entre comédies, gangsters franchouillards et polars: «Les Barbouzes» (1964), «Ne nous fâchons pas» (1966), «La Valise» (1973)...

Lautner a tourné à plusieurs reprises avec Jean-Paul Belmondo, qui a salué samedi sur BFM TV «un ami sincère» : «Flic ou voyou» (1978), «Le Guignolo» (1980), «Le Professionnel» (1981), immense succès commercial, ou encore «Joyeuses Pâques».

Il aussi réalisé des drames, comme «Galia» sur la libération de la femme dans les années 60, «Mort d'un pourri» ou «Les seins de glace».

Dans les années 80, le succès s'était fait plus rare même s'il a encore rencontré le public grâce à «La Maison assassinée», avec Patrick Bruel.

«Etre populaire était son ambition dès le départ, Pour lui, ça voulait dire avoir de meilleurs moyens pour réaliser ses films», a confié à l'AFP son biographe José-Louis Bocquet.

Mais, «il a beaucoup souffert avec Audiard dans les années 70-80 quand ils étaient pris pour des faiseurs».

Longtemps boudé par la critique, Georges Lautner a été «ravi» quand «Les Tontons Fligueurs» est devenu un film culte au début des années 2000, le «réconciliant avec tous les publics», a-t-il ajouté.

Sur Twitter samedi, des milliers d'internautes anonymes témoignaient de cet attachement, en postant les répliques cultes du film sorti en 1963: «Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît», «Faut reconnaître, c'est du brutal» en passant par «C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases».

Georges Lautner était «un metteur en scène du rire de qualité, avec à son actif des films comiques et amusants mais jamais vulgaires», a dit à l'AFP le comédien Claude Rich, l'un des derniers «Tontons flingueurs» avec l'Italien Venantino Venantini.

«Il a fait tourner les plus grands et rire tout le monde. C'était un homme délicieux, d'une modestie charmante et d'un métier sûr», a souligné Gilles Jacob, le président du Festival de Cannes, sur Twitter.

La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a évoqué «l'inoubliable scénariste et réalisateur de grands films rassembleurs» tandis que François Hollande saluait un réalisateur qui a «marqué le cinéma francais» avec ses «comédies populaires» devenues «cultes».

Le réalisateur, qui s'était retiré à Grasse (Alpes-Maritimes), sera enterré dans les prochains jours dans sa ville natale de Nice.