SANTEGrippe: Peut-on se passer de vaccin?

Grippe: Peut-on se passer de vaccin?

SANTELe contrôle de la maladie n’est plus une priorité chez les Français…
Bertrand de Volontat

Bertrand de Volontat

Le vaccin contre la grippe, infection virale respiratoire et très contagieuse, est loin de faire l’unanimité en France. Entre 2009 et 2012, la couverture vaccinale des personnes à risque est passée de 60 à 50%.

Une perte de crédit du vaccin

Plusieurs éléments participent aujourd’hui à la méfiance des Français envers le vaccin. D’abord, la campagne H1N1 «montée en dépit du bon sens par un gouvernement Bachelot laxiste qui a commandé deux fois trop de vaccins et pour deux fois trop cher», explique le médecin généraliste Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France.

Deuxième problème: l’an dernier, le vaccin n’a pas été efficace. Malgré une vaccination, certains patients ont quand même attrapé la grippe. Son efficacité chez une personne en bonne santé est tout de même de 80%. Troisième facteur de la crise de confiance: un professeur a déclaré l’an dernier que se vacciner une année sur deux suffirait, créant le trouble dans l’esprit des patients. Enfin, il y a une vraie rupture de dialogue entre les médecins et les patients. Il faut mettre fin à ce court-circuitage. Sans compter sur les critiques auxquelles le vaccin fait face, comme celle du docteur Anthony Morris, anciennement chef du Contrôle des vaccins pour le gouvernement américain, qui avance: «Il n’y a pas de raison de croire que le vaccin de l’influenza (grippe) soit capable de prévenir ou de diminuer la maladie. Ceux qui fabriquent ce vaccin savent qu’il ne sert à rien mais ils continuent à le vendre tout de même.»

«L’idéal pour sensibiliser la population à nouveau serait de pouvoir vacciner les enfants. Mais cela semble compliqué à réaliser tant ils sont déjà soumis à de nombreux vaccins toute l’année», poursuit le Dr Hamon. Dès lors, les Français sont dans la recherche d’une solution autre que le vaccin pour tout de même continuer à se protéger du virus hivernal.

Un vaccin préventif toujours utile

Le spray buccal habituellement utilisé pour les maux de gorge, notamment le Pharyndol, disponible en pharmacie en France depuis le printemps dernier, commence à être utilisé par les médecins contre la grippe. «C’est un antiviral, un antibactérien qui limite le développement de la grippe, explique le docteur Lescure, ORL. Je le conseille plutôt qu’un traitement.» Et d’ajouter: «Mais ce n’est en aucun cas une alternative au vaccin. C’est un complément curatif pour les personnes plus vulnérables.» Pour ce médecin, il «faut se faire vacciner car même s’il existe un risque d’attraper quand même le virus, le vaccin vous protège ainsi que vos proches.» Le ministère de la Santé maintient aussi que le vaccin grippal demeure un moyen sûr pour prévenir la maladie. Pour le reste, aux Français de bien se laver les mains et éventuellement de porter un masque durant l’hiver pour limiter la transmission.

En France métropolitaine, la semaine passée, l’incidence des cas de syndromes grippaux vus en consultation de médecine générale a été estimée à 16 cas pour 100.000 habitants, en dessous du seuil épidémique (147 cas pour 100.000 habitants). «Il n’y a pas encore eu de vague de grippes mais avec le grand froid annoncé pour l’hiver, elle pourrait arriver en décalé», affirme l’ORL.

La grippe reste toutefois un sujet sensible, comme en témoigne le lancement de https://www.grippenet.fr, un site participatif ouvert aux Français, permettant à chacun de participer à la surveillance de la grippe. Les données recueillies permettent de connaître en temps réel la situation de la grippe en France, et d’étudier la façon dont la maladie se propage.