FAITS DIVERSPas-de-Calais: Un réseau de pilleurs d'églises démantelé

Pas-de-Calais: Un réseau de pilleurs d'églises démantelé

FAITS DIVERSIls sévissaient dans plusieurs départements...
20 Minutes avec AFP

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Un réseau de pilleurs d'églises, basé dans le Pas-de-Calais et qui sévissait dans plusieurs départements du nord-ouest de la France, a été démantelé, ont annoncé mercredi à Arras policiers et magistrats, évoquant une affaire «hors normes».

Depuis Arras, «des individus ordonnés, qui faisaient des repérages, se regroupaient au moment de passer à l'acte et agissaient avec une filière permettant d'écouler les objets volés», a raconté à la presse Thierry Alonso, directeur départemental de la sécurité publique du Pas-de-Calais.

Cinq hommes, connus des services de police et dont le plus jeune a une trentaine d'années, ont été écroués samedi et mardi après avoir été mis en examen pour «vol en bande organisée», un crime passible de 15 ans de réclusion et 150.000 euros d'amende, a précisé Philippe Peyroux, procureur de la République de Béthune.

Une affaire hors norme

«C'est une affaire un peu hors normes puisqu'elle se termine par la neutralisation d'une équipe d'individus qui était spécialisée dans des vols d'objets de culte ou parfois d'oeuvres d'art, en tous cas qui avaient une certaine valeur, et qui étaient écoulés», a souligné Alonso. Les premières investigations remontent au mois de mai. Des pillages dans des églises, des cimetières et sur des monuments aux morts, faisaient soupçonner aux enquêteurs l'existence d'un réseau très structuré de cambrioleurs.

Après des mois d'enquête et de surveillance, la police judiciaire est parvenue à arrêter deux hommes en flagrant délit après un ultime méfait commis dans la nuit du 12 au 13 novembre dans l'église de Croix-Caluyau près de Cambrai (Nord), à leur retour à Arras. Le chef-lieu du Pas-de-Calais abritait le coeur du réseau qui n'hésitait pas à faire des «périples nocturnes de plusieurs centaines de kilomètres», a expliqué le commissaire Magali Caillat, de la police judiciaire de Lille, décrivant des «malfaiteurs hyperactifs très mobiles».

Au total, en sept mois, le procureur, qui a ouvert une information judiciaire, a dénombré 14 faits et une quarantaine d'objets de valeur dérobés, pour un préjudice supérieur à 40.000 euros. Outre le Nord et le Pas-de-Calais, les malfaiteurs présumés ont visité la Seine-Maritime, l'Orne, l'Eure, la Somme et la Seine-et-Marne.

L'un des deux hommes arrêtés en flagrant délit a reconnu l'ensemble des faits et les investigations ont permis de remonter à un commanditaire présumé basé dans la région de Narbonne. Interpellé à Gruissan près de Narbonne, ce commanditaire d'une cinquantaine d'années, serait originaire du nord de la France, selon une source policière dans l'Aude. Selon la même source, une partie du butin aurait été écoulée dans la région de Narbonne.

Traçabilité des objets

Les policiers ont retrouvé huit statuettes et deux lustres dérobés à Croix-Caluyau et montrés à la presse mercredi. Mais les autres objets volés ont pour l'instant échappé aux recherches. En France, «on est le seul pays en Europe où on est tenu d'avoir un livre de police», avec inscription des achats et des ventes, a expliquéune antiquaire parisienne spécialisée dans les objets d'art religieux, qui a tenu à conserver l'anonymat.

Elle regrette qu'il n'y ait pas une «traçabilité» de ces objets. Selon elle, les objets dérobés risquaient fort de partir pour l'étranger, citant la Belgique où il y a «énormément de recel». Un pilleur d'églises qui, lui, semble avoir agi seul, avait dérobé en 2007 et 2008 des oeuvres d'art dans 25 communes de plusieurs régions, a été condamné lundi à deux ans de prison ferme par le tribunal correctionnel du Havre (Seine-Maritime). Le parquet a fait appel.