Roms: deux mois avec sursis requis contre Jean-Marie Le Pen
Une peine de deux mois de prison avec sursis a été requise jeudi à l'encontre du président d'honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen, pour ses propos selon lesquels "comme les oiseaux", les Roms voleraient "naturellement".© 2013 AFP
Une peine de deux mois de prison avec sursis a été requise jeudi à l'encontre du président d'honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen, pour ses propos selon lesquels "comme les oiseaux", les Roms voleraient "naturellement".
La représentante du parquet, Annabelle Philippe, a estimé "parfaitement constitué" le délit d'injure à caractère racial, demandant au tribunal correctionnel de Paris de le condamner également à une amende de 10.000 euros.
Le 22 septembre 2012 à l'université d'été du Front national à la Baule (Loire-Atlantique), Jean-Marie Le Pen avait enchaîné les provocations sur l'immigration, thème fétiche du parti, sous les yeux de sa fille Marine.
Moquant les Roms, il avait suscité rires et applaudissements nourris en leur attribuant la phrase : "Nous, nous sommes comme les oiseaux, nous volons naturellement".
"Jean-Marie Le Pen croit certainement que les Roms sont une race inférieure", a dénoncé Pierre Mairat, avocat et co-président du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples).
"Il leur prête un attribut de vol génétique, héréditaire", qui nourrit un "sentiment de haine et de détestation", a-t-il poursuivi, rappelant que des camps de Roms ont été incendiés en France. "Le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit", a-t-il rappelé.
L'avocat de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) Me Stéphane Lilti a évoqué le "profond sentiment de dégoût" qui peut surgir en voyant la "jubilation de Jean-Marie Le Pen" de ce "calembour raciste".
Essayant de contrer par avance les arguments de l'avocat de Jean-Marie Le Pen, qui plaide la controverse politique et l'humour, il a ajouté "si c'est un humoriste, c'est un humoriste à la Dieudonné".
Pour son confrère Mario Pierre Stasi, conseil de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), il ne s'agit ni d'humour, ni de controverse politique, mais de propos nauséeux".
"On attise la haine", a renchéri son confrère Me Patrick Klugman, pour SOS Racisme, estimant "facile" de désigner les Roms à la vindicte.
L'avocat de M. Le Pen, Me Wallerand de Saint-Just a plaidé la relaxe, estimant que "non seulement c'est de l'humour", mais "c'est anodin, dérisoire".
Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 19 décembre.