Partir vivre en province, un pari pas si facile
SOCIETE – Alors que débute ce mardi le salon Provemploi à Paris, qui promeut l’installation en province, «20 Minutes» s’est intéressé à ceux qui ont tenté l’expérience, et qui en sont revenus...Jérôme Comin et Christine Laemmel
Les revenants. Si chaque année, près de 200.000 Franciliens quittent l’Ile-de-France pour la province avec l’espoir d’y trouver une meilleure qualité de vie, l’opération peut vite mal tourner. Et il n’est pas rare de voir revenir ces Franciliens à la case départ après une expérience ratée. «Même si ce n’est pas fréquent, la déception d’une expérience en province est souvent liée à une situation familiale compliquée», explique Antoine Colson, co-fondateur du salon Provemploi qui débute ce mardi à Paris.
Une famille à installer
Un écueil auquel s’est heurté Arnaud, 27 ans, qui a vécu un an et demi à Strasbourg. Ce Nîmois d’origine, «qui avait du mal à se faire à Paris» accepte en janvier 2012 un poste dans les télécoms en Alsace. Sur le moment, tout colle. «Je payais 720 euros pour un 27m² à Nanterre, je me retrouve avec 40m² pour 560 euros à dix minutes du centre de Strasbourg.» Malheureusement, il part en laissant derrière lui «celle qui allait devenir [sa] fiancée, le temps qu’elle finisse son stage de fin d’étude.» Elle le rejoint en octobre 2012, et pendant plus d’un an, cherche un job. En vain. Le 26 août 2013, elle décroche enfin un emploi… à Paris. «Début 2014, je vais donc retourner à la capitale, et laisser derrière moi, cette qualité de vie que j’ai gagnée. C’est à contre cœur que je reviens, mais dans le but de me rapprocher de la femme que j’aime et qui sera dans quelques mois, mon épouse.»
«Le dimanche, aucun magasin n’est ouvert»
Et pour réussir son adaptation en province, mieux vaut aussi bien anticiper son déplacement car «même si on reste en France, il y a une phase d’adaptation qui peut s’avérer assez longue», pointe Antoine Colson. Julien, 34 ans, en a d’ailleurs fait l’amère expérience. Après trois ans à Paris, il quitte la capitale avec sa femme pour Lyon quand sa boîte, une agence digitale, lui propose une opportunité. «On se disait qu’on arriverait jamais à devenir propriétaire ici», glisse-t-il. Sa femme, conseillère en banque, démissionne et trouve un nouveau job. Ils dégotent un appartement «de standing» de 90m² en centre-ville pour 100 euros de plus que le 43m² à Courbevoie (92) qu’ils occupaient pour 800 euros par mois.
Seulement voilà, il s’ennuie. «Quand on a passé les 30 ans, qu’on n’est plus étudiant, c’est un peu difficile de rencontrer des gens, souffle-t-il. Surtout qu’on a trouvé les Lyonnais très fermés. Puis le dimanche, aucun magasin n’est ouvert, il n’y a pas un rat dans les rues, on se fait chier.» Niveau carrière même désillusion: «Il y a moins de turn-over, moins de places, c’est limité niveau évolution.» Julien et sa femme tiennent un an et repartent en région parisienne. A Nogent-sur-Marne. «Les loyers sont toujours aussi chers mais ils sont compensés par mes augmentations de salaire». Trente mille euros annuels en deux ans. «Des promotions que je n’aurais jamais pu avoir en restant à Lyon.»
Une équation à résoudre
Alors quelle est la bonne recette pour être sûr de réussir son adaptation en province? «Il faut surtout poser l’équation: "Qu’est-ce que je gagne, qu’est-ce que je perds?", affirme Antoine Colson. Cela permet d’éviter de partir sur un coup de tête, ce qui est la meilleure façon de revenir.»