SOCIETELes pompiers tirent la sonnette d'alarme: «Le système est menacé»

Les pompiers tirent la sonnette d'alarme: «Le système est menacé»

SOCIETELes pompiers, réunis en congrès à Chambéry jusqu'à samedi, tirent la sonnette d'alarme...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Les pompiers, réunis en congrès à Chambéry jusqu'à samedi, tirent la sonnette d'alarme: les fermetures de casernes et la diminution du nombre de pompiers volontaires «menacent» le système de secours à la française.

Une forte baisse des volontaires

De mercredi à samedi, la ville de Savoie accueille «la plus grande caserne de France», avec 40.000 visiteurs, 400 exposants et 2.000 congressistes sapeurs-pompiers professionnels et volontaires qui se retrouvent pour discuter de leur mission, de leur matériel et de leurs inquiétudes.

Point d'orgue de ce 120e congrès: la visite samedi matin du président François Hollande. Il prononcera un discours devant les sapeurs-pompiers comme Nicolas Sarkozy en 2011 et Jacques Chirac en 1999. A ses côtés, il aura celui qui se présente comme «le premier pompier de France», le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.

Pour le président et son ministre, la balade dans les travées du congrès ne sera pas une promenade de santé. «Les sollicitations augmentent, des casernes ferment et le nombre des volontaires diminue : notre présence sur le territoire s'effrite. Pour chaque pompier, la charge moyenne est de plus en plus grande. Certains craquent et démissionnent», tonne le colonel Éric Faure, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France.

«Notre système qui repose sur la complémentarité entre fonctionnaires (les pompiers professionnels) et citoyens engagés (les volontaires) est menacé», prévient-il.

Sur les 250.000 pompiers qu'on comptait en France en 2012, 195.200 étaient des volontaires, soit 79%. Ils sont 6.000 de moins qu'il y a six ans. Rien qu'en un an, leur nombre a diminué de 2.200. «La baisse s'accélère», constate Éric Faure.

«Il faut vite s'engager dans une politique d'augmentation du nombre des pompiers volontaires. Sans ça, la charge sera trop importante et on ne pourra plus faire vivre des casernes qui risquent de fermer», prévient le colonel.

571 casernes ont fermé en 5 ans

Pour lui les volontaires ne sont pas assez considérés, pas assez nommés à des postes d'encadrement dans les casernes (22% seulement des cadres sont des volontaires) et pas assez payés (une proposition de revalorisation a été refusée). La fédération souhaite que le volontariat devienne une cause nationale avec campagne de recrutement et revalorisation à l'appui.

Dans cette perspective, un «plan d’action pour le volontariat» dont le contenu n'est pas encore précisé sera signé vendredi par le ministre de l'Intérieur et les représentants des pompiers et des collectivités locales.

Autre inquiétude : les casernes qui ferment. Il y a 7.300 casernes de pompiers en France. 571 ont fermé au cours de ces cinq dernières année et «d'ici la fin de l'année, une trentaine de casernes auront fermé», s'alarme le président de la fédération.

Les pompiers pointent aussi les conséquences «inquiétantes» de l'application d'une directive européenne sur le temps de travail. A compter du 1er janvier prochain, celle-ci va faire passer le seuil maximum de temps de travail annuel des pompiers de 2.400 à 2.200 heures. «Un delta qui va provoquer des dégâts», selon Patrice Beunard, président du syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels (SNSPP).

«Ras-le-bol»

Les pompiers soulignent enfin le manque de considération dont ils font l'objet. «Depuis Pâques 2012, il y a eu cinq promotions de la Légion d'honneur et seulement un pompier de décoré», s'étrangle Éric Faure.

«Le ministère de l'Intérieur est extrêmement attentif aux revendications des sapeurs-pompiers, professionnels et volontaires», répond-on place Beauvau. «Les échanges avec leurs représentants (...) sont permanents, notamment en ce qui concerne le développement et la défense du volontariat.»

«Y en a ras-le-bol, ça va chauffer», prédit dans un sourire Raymond Feltre, pompier volontaire dans le Lot-et-Garonne. «Dans les discours, on est toujours les plus forts, les meilleurs, mais derrière, il n'y a pas d'acte concret sur la rémunération ou la reconnaissance», dit-il.

Dans sa commune de 3.500 habitants, Castillonnès, il y a «16 ou 17 pompiers», tous volontaires. Il en faudrait une dizaine de plus «mais beaucoup de jeunes abandonnent au bout de six mois», regrette-t-il.