Rythmes scolaires: le désarroi d'enseignants face à leur mise en oeuvre

Rythmes scolaires: le désarroi d'enseignants face à leur mise en oeuvre

"En 35 ans de vie scolaire, c'est la pire rentrée de ma carrière": certains enseignants parisiens ne cachent pas leur désarroi face à une mise en oeuvre parfois chaotique du retour à la semaine de quatre jours et demi dans le primaire.
"En 35 ans de vie scolaire, c'est la pire rentrée de ma carrière": certains enseignants parisiens ne cachent pas leur désarroi face à une mise en oeuvre parfois chaotique du retour à la semaine de quatre jours et demi dans le primaire.
"En 35 ans de vie scolaire, c'est la pire rentrée de ma carrière": certains enseignants parisiens ne cachent pas leur désarroi face à une mise en oeuvre parfois chaotique du retour à la semaine de quatre jours et demi dans le primaire. - Martin Bureau AFP
© 2013 AFP

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«En 35 ans de vie scolaire, c'est la pire rentrée de ma carrière»: certains enseignants parisiens ne cachent pas leur désarroi face à une mise en oeuvre parfois chaotique du retour à la semaine de quatre jours et demi dans le primaire.

Alors que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a assuré mercredi sur Europe 1 que la réforme serait bien appliquée à toutes les écoles à la rentrée 2014, l'heure était à la critique mercredi matin pour les parents d'élèves, enseignantes et directrices de l'école Mouraud, située dans un quartier populaire du 20e arrondissement de Paris, réunis dans une salle de classe avec la ministre déléguée à la Réussite éducative George Pau-Langevin.

La directrice de l'école élémentaire, Colette Coffins, le dit d'emblée: même si son école réunit des «conditions favorables», la rentrée «a été psychologiquement très difficile» et «on ne peut pas dire qu'elle se soit bien passée».

Loin de suivre cependant l'exemple de Crillon, petite commune de l'Oise, qui a fait marche arrière. «La commune va revoir sa copie», a relativisé, Vincent Peillon, alors que dans l'Essone, la commune rurale de Janvry défie le ministre de l'Education en votant contre l'application de la réforme en 2014.

A Toulouse, plus de 200 professeurs des écoles ont manifesté mecredi pour réclamer «une autre réforme» et l'abrogation du décret Peillon se disant déja «épuisés» par le nouveau système moins d'un mois après la rentrée.

«On passe notre temps à remplir des listes» d'élèves pour savoir qui participe aux ateliers périscolaires, et «dans la globalité on ne nous a pas beaucoup aidées», observe à Paris Colette Coffins.

Sa collègue directrice de l'école maternelle, Nathalie Duchadeuil, estime que les agents chargées d'assister les institutrices ont été «investies d'une mission à laquelle elles n'étaient pas préparées» en devant assurer la prise en charge des enfants à 15H00.

Béatrice Longé, institutrice de maternelle, déplore de son côté devoir laisser sa classe à 15H00. «Je vois arriver des gens dans ma classe, qui me disent +je suis animateur+, et on ne sait même pas qui c'est», dit-elle, très remontée, même si Joanne Bachelier, la responsable éducation ville (REV), chargée du réseau d'animateurs de l'école, assure qu'elle ne choisit «pas n'importe qui».

Une boule au ventre

Pour l'institutrice, «avec des gens pas formés», les activités périscolaires n'en sont pas vraiment. «En 35 ans de vie scolaire, c'est la pire rentrée de ma carrière», affirme-t-elle, évoquant sa «boule au ventre» quand elle quitte sa classe, devant des enfants parfois au bord des larmes, qui lui demandent «Où tu vas?».

Au final, «les enfants voient plus les agents d'école maternelle que moi» et sur 24 élèves de sa classe «12 font 52 heures par semaine à l'école», a-t-elle calculé.

Sa collègue institutrice de CE1 déplore de son côté «la perte de temps» le matin quand il faut «s'organiser pour savoir qui reste aux ateliers périscolaires».

Un problème que reconnaît Brigitte Dumont, responsable pour le 20e arrondissement des temps A.R.E. (Activité rythmes éducatifs), dénonçant «le caractère facultatif» des inscriptions aux activités périscolaires et «les parents qui utilisent ça comme une halte-garderie».

La ministre a rappelé que la réforme visait à «régler le problème de nos enfants, qui n'ont pas le niveau suffisant» par rapport aux enfants européens, en leur apportant, «surtout dans des quartiers comme celui-ci, où les enfants n'ont pas accès à tout», une «ouverture», en plus de l'apprentissage fondamental assuré par les enseignants.

Mais pour les parents, la réforme se traduit surtout par «trop de fatigue pour les enfants», explique Farida, parent d'élèves, qui ne souhaite pas donner son patronyme. «La réforme demande de se réorganiser, de coucher les enfants plus tôt», a répondu la ministre.

Isabelle, autre mère de famille, regrette également le manque de retour sur les ateliers: «On ne connaît pas les animateurs, on ne sait pas ce qui se passe à partir de 15H00».