La réforme des rythmes scolaires sous le feu des critiques
•Les critiques se multiplient contre la réforme des rythmes scolaires, ...© 2013 AFP
Les critiques se multiplient contre la réforme des rythmes scolaires, objet d'une réunion mercredi à l'Elysée: les maires réclament une remise à plat du financement, l'opposition raille la «taxe Peillon», certains parents déplorent des cafouillages et la fatigue des enfants.
La «réunion d'étape sur la rentrée et les rythmes scolaires» qui s'est tenue mercredi matin a été présentée par l'Elysée comme une simple «réunion de travail». L'hebdomadaire L'Express l'a qualifiée de «réunion de crise».
Pour la présidence de la République, il y a eu «réaffirmation du bien-fondé de cette réforme entièrement dédiée à la réussite des enfants et à leur bien-être».
A sa sortie, le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon s'est déclaré «d'une grande sérénité». «0n est en train de mettre une réforme en place dans l'intérêt des enfants», a-t-il dit.
Il a reconnu «un temps d'adaptation» et concédé la nécessité de faire quelques «efforts» en matière de recrutement d'animateurs, l'encadrement et les locaux. «Nous irons jusqu'au bout. Nous le ferons dans la concertation et nous réussirons ensemble», a-t-il ajouté devant l'Assemblée.
La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a fait état d'«un consensus» pour «avoir des journées moins chargées». Elle reproche à Jean-François Copé de chercher à «prendre en otages les enfants» pour des motifs «de sombres batailles politiciennes».
Le président de l'UMP, qui demande le report de la réforme, a ironisé à propos de la «taxe Peillon» qui pèsera selon lui sur les collectivités locales pour financer les activités périscolaires qu'elle a mises en place.
Les sénateurs UMP ont demandé une mission d'information, jugeant la réforme «intenable financièrement».
Pour appliquer la semaine de quatre jours et demi, au lieu de quatre, l'Etat a mis à disposition des communes «un Fonds d'amorçage» doté de 250 millions d'euros.
Cet argent n'a «pas été consommé», a souligné M. Peillon sur TF1, citant la ville dont M. Copé est maire: «Il y avait 150 euros pour chaque enfant de Meaux. Il n'en a pas utilisé un seul.»
«Franchement, vous parlez au ministre qui a la priorité budgétaire, le président de la République a donné tous les moyens à l'école. Nous avons accompagné les collectivités, vous pensez qu'on va arrêter de le faire?», a-t-il demandé, sans toutefois dire clairement si ce fonds serait pérennisé.
L'Association des maires de France (AMF), réunissant des édiles de différents bords politiques, a réclamé «une remise à plat» du «financement de la réforme», dont le coût «ne peut être supporté par les communes», et sollicité un rendez-vous «en urgence avec le Premier ministre».
Son président Jacques Pélissard a demandé une aide de 150 euros par enfant dans toutes les communes pour 2014. Les élus locaux n'ont jamais contesté la pertinence de la réforme.
Enfants «déconfits», «crevés» ou «plutôt bien»
Celle-ci a aussi ses défenseurs, comme la FCPE, principale fédération de parents d'élèves, qui «appelle à la raison». «Il n'aura échappé à personne que la campagne pour les municipales et les élections professionnelles des enseignants a commencé. Pourtant, le bien-être de nos enfants vaut bien plus qu’un discours partisan», souligne-t-elle, critiquant «les annonces à l'emporte-pièce selon lesquelles la réforme ne causerait que fatigue et pagaille».
Le SE-Unsa, deuxième syndicat d'enseignants, avait jugé lundi «plus que prématuré» de tirer un bilan trois semaines après la rentrée. Critiquant les «stratégies politiques ou syndicales», il reconnaît la nécessité de «réglages» mais estime que la réforme «se préoccupe avant tout des élèves les plus fragiles dans leurs apprentissages».
Devant l'école maternelle parisienne Grange Batelière (9e arrondissement), les parents étaient partagés mercredi.
«C'est une catastrophe, les enfants sont totalement déconfits», selon Valérie, mère d'enfants en petite et moyenne sections, pour qui «les activités proposées n'apportent rien». «Ca fait seulement un mois qu'ils sont rentrés, et ils sont déjà crevés», renchérit Imen, mère d'Anna, en grande section.
Mercredi, des analystes d'opinion évoquaient l'hypothèse que la fronde puisse devenir un problème national, mettant en exergue la convergence pas si fréquente des intérêts des syndicats et des parents d'élèves. Un risque tempéré par le nombre limité de communes ayant déjà adopté la réforme. Certains avançaient que l'UMP s'était peut-être trop hâtée à politiser la question en lançant une pétition nationale.