FAITS DIVERSMort accidentelle d'un élève puni: Début du procès de l'institutrice

Mort accidentelle d'un élève puni: Début du procès de l'institutrice

FAITS DIVERSLe procureur n'a formulé aucune réquisition à l'encontre de l'institutrice dont un élève de 11 ans s'était pendu accidentellement alors qu'il avait été exclu de la classe...
20 Minutes avec AFP

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Le tribunal correctionnel de Tarascon a entamé mardi l'examen de la responsabilité d'une enseignante de primaire, dont un élève de 11 ans s'était pendu accidentellement alors qu'il avait été exclu de la classe. Agnès Maulard, cette professeur des écoles âgée de 42 ans, est poursuivie pour «manquement à une obligation particulière de prudence» et «homicide involontaire», des délits passibles de cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

«Une faute simple» ne relevant pas de la justice

Le procureur n'a formulé aucune réquisition à l'encontre de l'institutrice. «Je laisse à l'appréciation du tribunal de déterminer si la prévention doit être retenue contre Mme Lelong», a estimé le représentant du ministère public, Vincent Mick, affirmant qu'il n'y avait selon lui pas «de violation d'une obligation particulière de prudence ou de sécurité», mais «une faute simple» ne relevant pas de la justice. L'affaire a été mise en délibéré au 29 octobre.

Les explications de l'institutrice

L'institutrice a tenté, souvent confusément, de s'expliquer sur une punition «anormalement longue» infligée à son élève. «Je ne pense pas que je sois responsable de la mort de Khoren», a déclaré à la barre en préambule, d'une voix à peine audible et tout de noir vêtue, Agnès Maulard-Lelong. Un peu plus tard, face à une question du procureur qui lui demande si elle se sent «moralement responsable», elle a répondu «oui» avant de se tourner vers les parents et de leur dire qu'elle était «désolée».

Le 26 mai 2011, l'élève de CM2, qui refusait de faire son travail, avait été exclu vers 9h de sa classe de l'Ecole Anne-Frank à Arles. Trois-quart d'heure plus tard l'enfant avait été retrouvé inconscient, pendu par son T-shirt à une patère du couloir. En arrêt cardio-respiratoire, l'élève n'avait pu être réanimé malgré un massage cardiaque pratiqué par les enseignants de l'école. Il devait décéder quatre jours plus tard à l'hôpital de la Timone à Marseille où il avait été transféré.

La durée de la punition en question

Mardi, le président du tribunal correctionnel a longuement interrogée sur le «temps inhabituellement long» de la punition qui, selon des inspecteurs de l'Education nationale interrogés pendant l'enquête, ne correspond pas à la «période d'isolement momentané» auquel une punition doit correspondre. «Je ne suis pas restée 45 minutes sans le voir (...) des élèves sortaient lui parler», a objecté l'institutrice, répondant souvent de manière hésitante, cherchant dans ses souvenirs, tandis que le magistrat la questionnait aussi sur son refus de réintégrer Khoren, qui au bout d'une demi-heure avait demandé à rentrer. «Je ne veux plus te voir», lui avait-elle dit, selon des propos rapportés par une dizaine d'élèves.

Selon des témoignages d'élèves, Agnès Lelong avait puni le jeune garçon en lui disant «en classe les écoliers travaillent, tu n'as pas un comportement d'écolier, tu ne travailles pas, va avec les manteaux».Pour la mère de l'enfant, Laure Grimaldi, c'est cette phrase qui a déclenché l'accident. «Plutôt que subir une humiliation, il a voulu s'en sortir par une pirouette», s'accrochant ainsi avec son vêtement.

Un procès pour que «ça n'arrive plus»

Très vite l'enquête avait conclu à «un jeu qui a mal tourné», avait expliqué, avant le procès, l'avocat de la partie civile, Louis Sayn-Urpar, ajoutant que le garçon présenté comme «bon élève, facétieux et aimant faire rire ses camarades» avait très probablement pris la maîtresse au mot, après qu«'elle lui eut dit tu es inutile, va rejoindre les manteaux ». Selon lui, Khoren a dû perdre connaissance après s'être accroché à la patère et s'étrangler sous l'effet de son poids.

Selon le bâtonnier, la volonté de la famille est que cette audience serve d'exemple «pour que ça n'arrive plus».