Les vélos parisiens en libre service Vélib', proies du vandalisme
•Des pneus cassés, des guidons difformes, des bornes arrachées: près de 9.000 Velib’ sur les plus de 20.000 disponibles ont été dégradés ou volés en 2012, un phénomène saisonnier et localisé dans le nord-est parisien.© 2013 AFP
Des pneus cassés, des guidons difformes, des bornes arrachées: près de 9.000 Velib’ sur les plus de 20.000 disponibles ont été dégradés ou volés en 2012, un phénomène saisonnier et localisé dans le nord-est parisien.
"Nous sommes étonnés du volume de vandalisme que nous rencontrons et de cette recrudescence", a indiqué à l'AFP Anthonin Darbon, directeur de l'exploitation chez Cyclocity, filiale de JCDecaux chargée du dispositif Vélib’.
Après une décrue en 2010 et 2011 qui avait succédé au record de 11.800 vélos dégradés ou volés en 2009, les actes de vandalisme sont repartis à la hausse, entraînant un préjudice financier pour la collectivité.
"Le coût de réparation des Vélib' et des stations concernées est très élevé", avait indiqué Julien Bargeton, adjoint chargé des transports à la Ville de Paris, dans une note publiée en juillet sur le site de la Mairie.
Il faut compter plus de 650 euros pour un vélo neuf et "la Ville de Paris (...) verse une indemnisation à l'entreprise de 450 euros par vélo volé ou détruit", avait-il écrit sur son blog.
Mais il s’agit aussi de procéder à la fermeture complète de stations pour réparer les vélos. Près de 35 stations, réparties essentiellement dans les XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements, ne sont plus accessibles aux utilisateurs.
Les villes avoisinantes de Pantin ou encore Aubervilliers ne sont pas en reste. Des actes qui agacent les utilisateurs, "premières victimes" de cette délinquance, souligne Anthonin Darbon.
"Une forme d'amusement"
Comment expliquer cette forme de délinquance ? "Une forme d'amusement", juge François Dagnaud, maire PS du XIXe arrondissement.
"Certains seraient tentés par des explications un peu faciles du type +Ce sont des pauvres gamins, Vélib' c’est pour les bobos+. Ça n’est pas vrai', insiste-t-il, soulignant que dans le XIXe arrondissement, "un quartier populaire", "beaucoup de gens utilisent ce dispositif".
Des mineurs dans la plupart des cas, âgés entre 14 ans et 16 ans sont les auteurs de ces infractions. Avec des profils variés. En général, il s'agit de jeunes issus de quartiers difficiles et "désoeuvrés", selon Emmanuel Quemener du syndicat de police Alliance.
Mais "une minorité sont des gens de très bonne famille, et qui, sortant de soirée un peu éméchés, font un peu n'importe quoi. Dans l’euphorie, ils volent un Vélib' pour rentrer chez eux plutôt que de rentrer à pied", ajoute le syndicaliste.
Pour lutter contre ce phénomène, on privilégie la coopération entre divers acteurs. "Nous travaillons avec les services de police, avec l’entreprise Decaux et les services des collectivités qui maintiennent une vigilance active sur les stations les plus touchées", à coup de rondes et de patrouilles effectuées par les agents, avait indiqué Julien Bargeton, soulignant que "les caméras de vidéoprotection sont également utilisées par les services de police".
En parallèle, une mesure de "réparation pénale", fruit d'une convention entre le parquet de Paris, la protection judiciaire de la jeunesse, la ville de Paris et JCDecaux, a vu le jour au mois de janvier 2013.
Accueillis dans des ateliers de réparation JCDecaux en période de vacances scolaires, les mineurs pris sur le fait sont chargés, pendant 48 heures, de réparer des vélos dégradés.
"Les premiers accueils ont été fait au mois de février, et environ 40 jeunes y ont fait un passage", explique Anthonin Darbon. "Bon nombre ressortent en nous disant +J'ai compris, finalement c'est un travail intéressant et peut-être que plus tard je viendrais travailler chez vous+".
Malgré la multiplication des vols et dégradations, JCDecaux reste optimiste sur la longévité du dispositif.
"Ça casse beaucoup, c'est une préoccupation mais on fait le job et ça continue à bien fonctionner et de mieux en mieux", conclue M. Darbon, rappelant que "le mois de juillet 2013 a été le mois le plus élevé en terme de location" de Vélib', avec près de 4 millions de vélos utilisés, un record depuis le lancement du dispositif en 2007.