UDI: les propos de Fillon, une raison de plus de se rassembler
Pour l'UDI réunie à Poitiers, les propos de François Fillon sur le Front National font aussi figure de ligne rouge et justifient encore plus un rassemblement du centre entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou.© 2013 AFP
Pour l'UDI réunie à Poitiers, les propos de François Fillon sur le Front National font aussi figure de ligne rouge et justifient encore plus un rassemblement du centre entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou.
«L'UMP en tant que prétention de l'incarnation de la droite et du centre est morte cette semaine», a lancé le président du parti et chef de file des députés UDI, Jean-Louis Borloo, devant un millier de militants et adhérents de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) au Palais de Congrès du Futuroscope de Poitiers.
«Je ne sais pas s'il (François Fillon) n'a pas en réalité profondément sapé le fondement doctrinaire et républicain» de sa famille politique, a-t-il accusé, se faisant beaucoup plus incisif que dans la matinée où il avait appelé l'UMP à la «clarté».
Entre temps, Jean-Pierre Raffarin, figure des centristes de l'UMP, avait lancé un avertissement sur Twitter : «Alerte rouge. Le vote #FN est une ligne de fracture pour l'#UMP. C'est notre pacte fondateur qui est en cause».
«Oui, Jean-Pierre nous te répondons de chez toi (M. Raffarin est sénateur de la Vienne), c'est toi qui a raison», a-t-il clamé.
«Jamais des candidats UDI ne pourront soutenir une candidature Front National», a aussi pris soin de préciser M. Borloo.
M. Fillon a maintenu vendredi sa formule sur le «sectarisme» supposé d'élus FN et PS, qu'il refuse de départager, et a rejeté le «ni, ni» (ni FN, ni PS) et le «front républicain» (vote pour le candidat non FN).
Jean-Louis Borloo a même ironisé sur l'«aide» apportée par l'ancien Premier ministre à l'UDI. «Franchement, si on avait eu un besoin de lancement pour cette campagne, un ancien Premier ministre nous y a fortement aidé», a-t-il dit alors qu'il évoquait les tracts et les affiches de la campagne «Rejoignez l'UDI».
Il faut dire que les lieutenants de l'UDI comme Hervé Morin ou Yves Jégo ont été sans concessions toute la journée vis-à-vis des propos de l'ancien Premier ministre.
«Un vrai séisme» pour la vie politique française, a dit Hervé Morin, pour qui François Fillon a tout simplement «essayé de doubler Nicolas Sarkozy» sur le thème du FN.
«Séguin doit se retourner dans sa tombe!», a lancé Yves Jégo. Philippe Séguin, figure du gaullisme social, était le mentor de François Fillon.
Transfuge de l'UMP, Chantal Jouano, qui s'était franchement exprimée sur le FN quitte à se faire rabrouer par des caciques de l'UMP, a rappelé que c'était «l'un des facteurs de son départ». «Je me réjouis tous les jours d'être à l'UDI», a-t-elle dit.
«Mauvaise nouvelle pour Copé»
Pour l'ancienne secrétaire d’État, Valérie Létard, et sénatrice du Nord, le rapprochement des centristes avec le MoDem de François Bayrou, est «d'autant plus important après les propos de M. Fillon». Elle-même se dit «sidérée».
Comme plusieurs élus, elle s'étonne que ce soit «de (François Fillon) que cela vienne». «La digue est brisée», renchérit un cadre du parti, qui, au passage, estime que «c'est une mauvaise nouvelle pour Copé».
Député de la Meuse, Bertrand Pancher, a quitté l'UMP six mois avant l'élection présidentielle de mai 2012. Pour lui, le rapprochement avec le MoDem, est inéluctable. Il se dit «mal à l'aise» devant la sortie de François Fillon mais juge que «cela marque (le) territoire» des centristes.
Devant les militants UDI, Yves Jégo a mis en garde: «Mes amis croyez moi le danger est là sous nos yeux. Oui, c'est nous seuls qui désormais devons garder la frontière (...) une frontière de dignité et d'honneur pour réaffirmer haut et fort qu'il vaut mieux perdre une élection que de perdre son âme».
Lui aussi a assuré qu'«à l'échelon local, toute liste UMP qui s'acoquinera avec le FN, nous en sortirons immédiatement».
L'ancienne UDF s'était déchirée en 1998 après des accords avec le FN aux régionales.