Les mères célibataires fauchées par la crise

Les mères célibataires fauchées par la crise

SOCIETE – Selon une étude Ipsos pour le Secours populaire présentée ce jeudi, 45% des mères célibataires ne peuvent pas boucler leur budget mensuel sans être à découvert…
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Difficile de sortir la tête de l’eau pour les mères qui élèvent seules leurs enfants. Selon une enquête Ipsos pour le Secours populaire présentée ce jeudi, six mères célibataires sur dix ont rencontré des «difficultés financières importantes» au cours des douze derniers mois pour assurer leurs dépenses de logement et d'alimentation. Et 45% d’entre elles déclarent ne pas pouvoir boucler leur budget mensuel sans être à découvert. Pour s’en sortir, neuf mères célibataires sur dix déclarent se priver de loisirs, de sorties et d’achat de nouveau vêtements. Cinq sur dix font aussi l’impasse sur certains soins médicaux.

Fathia vit avec deux enfants et 550 € par mois

Une précarité que connaît trop bien Fathia, 38 ans, auxiliaire de vie à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). «Je vis en compagnie de mes deux enfants avec 550 euros par mois», explique-t-elle. Car en avril 2012, son mari les a abandonnés pour rentrer en Algérie. «Il a refusé de signer des papiers, ce qui rend impossible la régularisation de mes enfants». Des complications administratives qui empêchent aussi Fathia de toucher des aides de la CAF. «Je dois donc me débrouiller avec mon maigre salaire, car je ne travaille que deux heures par jour comme auxiliaire de vie.

Pourtant, Fathia est titulaire d’un BTS informatique et parle quatre langues étrangères. «J’ai postulé partout, mais je n’ai aucune réponse», confie-t-elle. Alors pour survivre, elle a dû frapper à la porte des associations, comme le Secours Populaire. «Je reçois des colis alimentaires tous les quinze jours et j’ai obtenu une aide pour les fournitures scolaires. Ca m’a permis d’en acheter pour ma fille, mais mon fils a fait sa rentrée sans un stylo dans le cartable», se désole-t-elle. Ces derniers temps, Fathia a aussi du mal à dormir à cause d’une épée de Damoclès qu’elle a au-dessus de la tête: «Je n’arrive plus à payer mon loyer de 1.000 euros depuis des mois et je viens de recevoir un avis d’expulsion». Malgré cela, elle tente de rassurer au mieux ses enfants: «Il y a bien un moment où la chance va tourner», se répète-t-elle.

Anne, seule avec 4 garçons et un salaire

De son côté, Anne, 40 ans, mère de quatre garçons à Bischwiller (Bas-Rhin), s’en sort «tant bien que mal avec un seul salaire» d’animatrice de quartier. Soit 1.200 euros brut par mois et les pensions alimentaires au montant variable qu’elle reçoit des pères de ses enfants. Anne a connu des périodes de chômage, de minimas sociaux, où elle avait beaucoup de mal à joindre les deux bouts. Alors aujourd’hui, elle relativise sa situation. «Je rencontre beaucoup de mamans qui n’ont plus rien le 15 du mois. Je ne suis donc pas la plus mal lotie», estime celle qui bénéficiait encore de la CMU il y a six mois. «Mais depuis le 1er septembre, j’ai un CDI et je travaille 30 heures par mois», dit-elle fièrement.

Un soulagement, même si son budget lui impose encore de nombreuses privations. «Quand je fais les courses, je n’emmène pas les enfants pour ne pas avoir à leur dire non. Je m’habille aux puces et j’essaie autant que possible de faire mes achats dans les vide-greniers». Un exercice de jonglage qu’elle sait devoir faire encore longtemps…

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