Nouvelle-Calédonie: Roch Wamytan élu président du Congrès

Nouvelle-Calédonie: Roch Wamytan élu président du Congrès

L’indépendantiste Roch Wamytan a été élu jeudi à la présidence ...
© 2013 AFP

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L’indépendantiste Roch Wamytan a été élu jeudi à la présidence du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, un vote qui témoigne des profondes divisions des non-indépendantistes à quelques mois d’élections territoriales capitales pour l’avenir de la collectivité.

En 2014, les Calédoniens éliront les membres du Congrès qui seront appelés à discuter des conditions de sortie de l’accord de Nouméa (1998) et fixer la date du référendum d’autodétermination.

Jeudi, alors qu'ils sont majoritaires avec un total de 31 voix sur 54, les non-indépendantistes ont perdu la présidence du Congrès, jusqu’alors détenue par Gérard Poadja de Calédonie Ensemble (CE). La victoire, à la tête de cette instance chargée de voter le budget et les lois locales, est revenue à Roch Wamytan, le candidat de l’UNI-FLNKS, qui a fait l’unanimité de son camp avec 23 voix.

Le Rassemblement-UMP (RUMP), présidé par le sénateur Pierre Frogier, qui avait appelé à voter Simon Loueckhote, a dénoncé le maintien de Gérard Poadja. Il a fustigé "l’attitude jusqu’au-boutiste de Calédonie Ensemble qui préfère laisser une institution majeure entièrement aux mains des indépendantistes par haine du Rassemblement". Le RUMP estime en effet que la "règle républicaine veut que le deuxième se désiste au profit du premier". Gérard Poadja a obtenu 13 voix et Simon Loueckhote 17.

Philippe Gomes, président de CE, a renvoyé la balle en dénonçant "une nouvelle trahison du RUMP qui, en votant pour Simon Loueckhote jusqu’au troisième tour, a porté Roch Wamytan à la présidence du Congrès".

Fort de son succès aux élections législatives de juin 2012, où ses deux candidats Philippe Gomes et Sonia Lagarde ont été élus députés apparentés à l’UDI, Calédonie Ensemble réclame une répartition plus équitable du pouvoir.

"Voir un élu de Calédonie Ensemble diriger le congrès est d’autant plus légitime que notre mouvement est absent de l’exécutif des trois provinces, qu’il est cantonné à un rôle anecdotique au gouvernement et qu’il a été exclu de toutes les commissions et conseils d’administration où se prennent de nombreuses décisions importantes pour la vie quotidienne des Calédoniens », avait expliqué Philippe Gomes la veille du scrutin.

Un risque de blocage institutionnel

Harold Martin (Avenir Ensemble) préside le gouvernement tandis que Cynthia Ligeard (RUMP) dirige la province Sud où sont concentrés les trois quarts de la population et de l’activité économique de la Nouvelle-Calédonie.

L’apparition sur l’échiquier politique d’un nouveau parti de droite anti-indépendantiste, à l’initiative de dissidents du RUMP, accentue encore la division. Soutenu par Jean-François Copé, le Mouvement Populaire Calédonien (MPC) regroupe une ministre du gouvernement, l’ancien député Gaël Yanno et des membres du conseil municipal de Nouméa. Un tel émiettement de la droite pourrait avoir pour conséquence de voir les indépendantistes obtenir une majorité au Congrès en 2014.

Les indépendantistes qui se sont fixé pour objectif de présenter un front uni aux prochaines élections territoriales afin d’obtenir le maximum de sièges au Congrès, affichent en revanche leur satisfaction. "Aucun parti pris séparément n’est majoritaire, il faut une alternance", estime Jean-Pierre Djiawé, le nouveau premier vice-président du Congrès.

Ils s’inquiètent cependant des conséquences de la lutte fratricide à laquelle se livrent leurs partenaires loyalistes de l’accord de Nouméa. "Les affrontements vont se poursuivre et s’ils ne font pas preuve d’intelligence, ils risquent de bloquer l’institution et l’avancée de notre pays vers le développement", avertit Jean-Pierre Djiawé. "Il y a de grandes réformes à faire, nous sommes dans la dernière ligne droite. J’ai bien peur que le travail institutionnel se grippe davantage", ajoute-t-il.

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