Pourquoi l'été n'est pas pourri comme annoncé
MÉTÉO•s prévisions au-delà de huit jours ne sont pas assez fiables...Maud Pierron
Fin mai, la France déprimait. L’hiver avait été froid et le printemps était plus que maussade: températures en dessous des moyennes saisonnières, pluies abondantes et ciel bas. Et pour charger la barque, on nous annonçait un été pourri (ici à 20 Minutes là, là et encore là). Et maintenant, la France suffoque et certains n’hésitent plus à chuchoter (mais très bas) qu’ils ne cracheraient pas sur une petite averse qui ferait tomber les températures parfois caniculaires. Comment expliquer la différence entre les prévisions et la réalité?
Déjà, corrige Dominique Raspaud, prévisionniste à Météo France, il ne s’agissait pas de prévisions, mais de «pronostics qui reposaient sur des statistiques qui tendaient à montrer que les printemps pluvieux et frais étaient souvent suivis par des étés pourris». Or, assène-t-elle, «il n’y a pas de corrélation entre le temps du printemps et celui de l’été. Il y a eu tous les cas de figures après un printemps pourri donc la conclusion qu’on en tire c’est qu’on ne peut pas tirer de conclusion». Ce qui explique que «Météo France ne fait pas de pronostic».
La météo «reste une science inexacte»
Plusieurs météorologues ont pourtant annoncé un été pourri, mais aussi Météo Consult-La Chaîne météo, qui a utilisé ce modèle de statistique. «Le modèle saisonnier et statistique montrait qu’avec un printemps humide et frais, il y avait 70% de chances que l’été soit mauvais. On est dans les 30% des statistiques où tout se passe bien», développe Cyrille Duchesne, de Météo Consult.
«Les modèles de prévisions saisonnières ne sont pas assez fiables. La météorologie reste une science inexacte sur le long terme, alors qu’elle est très fiable sur le court terme», ajoute-t-il. Alors pourquoi ces annonces? «On s’est un peut-être un peu précipité», consent -il. Il y avait aussi les nombreuses demandes des médias qui souhaitaient apporter une réponse à leurs lecteurs quand, souvenez vous, le temps était devenu le sujet de conversation et d’irritabilité numéro 1.
Il existe bien des prévisions saisonnières qui permettent de dessiner des grandes tendances sur des grandes régions pour de longues périodes (3 mois), rappelle toutefois Dominique Raspaud. Elles agrègent les prévisions de différents centres de météo dans le monde: d’Europe (France et Grande-Bretagne notamment), des Etats-Unis et du Japon. «Tous ces modèles sont confrontés et s’ils coïncident vers une même tendance, alors on a une bonne probabilité. Mais s’ils sont trop divergents, alors la probabilité est trop faible. Cet été, les scénarios étaient trop divergents pour tirer des conclusions», explique la prévisionniste. Mais de manière générale, elle confirme que «les prévisions météorologiques ont beaucoup progressé ces dernières décennies, notamment sur celles de 4 à 8 jours».