Les colonies de vacances en passe d'être désertées
Concurrencées par des offres commerciales, trop chères pour ...© 2013 AFP
Concurrencées par des offres commerciales, trop chères pour les classes moyennes, les colonies de vacances connaissent une baisse continue de leur fréquentation et sont menacées, selon un rapport parlementaire qui appelle à un vaste plan national pour les relancer.
Alors que trois millions de jeunes de 5 à 19 ans, soit 25% de cette classe d'âge, ne partent jamais en vacances, la mission parlementaire sur «l'accessibilité des jeunes aux séjours collectifs et de loisirs» a constaté un «effondrement» de la fréquentation des colonies de vacances depuis 1995.
Les «colos» ont connu leur «âge d'or» de l'après-guerre aux années 60. A l'époque, l’État encourageait les départs «du plus grand nombre possible d'enfants d'âge scolaire», pour un mois pendant l'été.
Après un fléchissement dans les années 70, elles sont redevenues à la mode dans les années 80 avec le développement de courts séjours, notamment aux sports d'hiver. De nouvelles formes de séjours collectifs sont apparues, comme les séjours linguistiques à l'étranger, avec l'arrivée de sociétés commerciales spécialisées, aux côtés des associations traditionnelles.
Un «pic de fréquentation» a été observé en 1995. Mais en 2011, le taux de départ des 5-19 ans en séjours collectifs de vacances de plus de cinq nuits n'était plus que de 7,5%, comparé à 14% en 1995.
Les colonies de vacances sont organisées principalement par des associations et, dans une moindre mesure, par des collectivités, les comités d'entreprise n'étant plus qu'une centaine à le faire eux-mêmes.
Parallèlement, les «mini-camps» de moins d'une semaine, dans le centre de loisirs de la commune ou dans un camp de scouts, ont connu une croissance rapide depuis le début des années 2000, sans toutefois compenser la désaffection pour les colonies, ni offrir les mêmes garanties de mixité sociale et dépaysement géographique.
Parmi les causes de cette désaffection, le rapport cite le coût des séjours, «devenus trop chers pour les classes moyennes».
Taxe sur l'hôtellerie de luxe
Le prix d'une semaine de vacances en colonie est de 400 à 600 euros par enfant, avec un coût moyen à la journée de 63 euros, comparé à 10 à 15 euros par jour pour les séjours de scoutisme, et 35 euros pour une journée en centre de loisirs sans hébergement (centres aérés). Les colonies de vacances sont donc aujourd'hui plutôt fréquentées par des enfants de milieux aisés, ou issus de familles aidées par un comité d'entreprise, une municipalité ou les services sociaux.
Le rapport estime que la tendance est à la disparition des séjours classiques, sans thématique et fréquentés par tous les milieux sociaux, au profit de deux secteurs: l'un associatif et caritatif qui deviendrait celui des garderies d'été, et l'autre commercial, avec camps itinérants de tourisme et d'aventure pour adolescents des milieux aisés.
«Cette évolution serait particulièrement défavorable au départ en vacances des enfants des milieux aux revenus modestes ou moyens, qui n'ont accès ni au caritatif, ni au commercial», souligne-t-il.
Relevant les bienfaits des «colos» sur l'éducation de jeunes et le tourisme, il fait 21 propositions pour les «réinventer». La première est la création d'un «fonds national d'aide au départ en vacances collectives», qui serait financé par le rétablissement d'une taxe sur l'hôtellerie de luxe (une taxe de 2 à 6% rapporterait 100 à 200 millions d'euros). Cette proposition a suscité l'indignation de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), pour laquelle ce serait «un nouveau coup porté à l'attractivité de la France».
Autres propositions: plus large distribution des chèques-vacances, intervention auprès de la SNCF pour des prix plus avantageux, campagne nationale de promotion, instauration d'un volontariat de l'animation (avec formation et indemnisation) pour l'encadrement occasionnel aux côtés des professionnels.