JUSTICELe «poète-escaladeur» Hervé Couasnon au tribunal pour s’être introduit dans la centrale de Civaux

Le «poète-escaladeur» Hervé Couasnon au tribunal pour s’être introduit dans la centrale de Civaux

JUSTICE«Cette intrusion n'aurait pas dû avoir lieu», estime-t-il lui-même, tout en se disant «responsable de ses actes»...
Enora Ollivier

Enora Ollivier

Hervé Couasnon est un habitué des coups d’éclats - des «performances», comme il les qualifie. L’homme qui s’est taillé une certaine notoriété en grimpant sur l’ambassade américaine ou sur la mairie de Limoges comparait jeudi devant le tribunal correctionnel de Poitiers. Le 2 mai 2012, il s’était introduit dans la centrale nucléaire de Civaux, dans la Vienne, où il était resté plus d’une heure.

«Cela faisait quelques années que je passais par là et un jour, je me suis dit "allez, je vais me la faire, la centrale"», raconte-t-il à 20 Minutes, confiant avoir eu «un coup de chance» parce que «les caméras de sécurité n’enregistraient pas». Il a profité de la sortie d’un camion de livraison pour entrer sur le site, au nez et à la barbe des vigiles, avant de se cacher dans un buisson.

Déjouer les systèmes de sécurité, «une forme d’art»

Aujourd’hui, il assume, se disant «responsable de ses actes», mais estime que «le directeur de la centrale» et « un responsable d’EDF» devraient aussi s’expliquer car «cette intrusion n’aurait pas dû avoir lieu». «Si un jour la centrale pète, ça peut avoir de graves conséquences. Personne n’est à l’abri de problèmes», souligne-t-il.

Hervé Couasnon se décrit comme un «militant qui prône la paix et la justice» et qui a fait de sa capacité à déjouer les systèmes de sécurité «une forme d’art». «Il se définit lui-même comme "poète-escaladeur périgourdin" pour bien montrer le côté poétique de ses actes», complète son avocat, Me Pierre Daniel-Lamazière. Selon ce dernier, les interventions de son client sont des «performances artistiques, au sens juridique du terme».

L’homme aime rappeler qu’il est «un précurseur». «Il y a 25 ans, j’ai été le premier à monter sur des grues – jusqu’à 80m de haut – pour jeter des textes poétiques». «Je suis très fier de voir que des gens utilisent maintenant ce moyen d’expression», continue t-il, en référence aux pères qui montent sur des engins de chantier pour réclamer la garde de leur enfant.

Evasion de l’hôpital psychiatrique

Depuis, Hervé Couasnon a multiplié les «performances»: escalader l’ambassade américaine – «trois fois depuis 1991», précise t-il crânement – pénétrer en 2002 dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale pour remettre une coupe à Jean-Pierre Raffarin ou, plus récemment, entrer sur le tarmac de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Cette dernière incursion lui a valu d’être interné en hôpital psychiatrique, sur décision de justice. Mais l’homme n’a pas supporté et , au bout d’un mois, est parti…en déjouant encore les systèmes de surveillance. «Je sais que ce n’est pas bien de s’être évadé», confie-t-il, mais «au moins maintenant, c’est terminé» car «la décision a ensuite été levée, dans le Limousin».

Le «poète-escaladeur» entend maintenant marquer une pause, le temps de «régler le problème de la centrale». Un «problème» qui pourrait prendre du temps à être résolu. Le procès pourrait en effet être renvoyé jeudi, croit son avocat, car «le tribunal correctionnel de Poitiers devrait se déclarer incompétent», les faits reprochés relevant «d’un tribunal militaire». Il encourt six mois de prison et 7.500 euros d’amende. Mais, assure t-il, «si je suis condamné, je crie à l’injustice».