Coup d'envoi des Espé, les nouvelles écoles pour les profs
•Pour mieux faire réussir les élèves, de nouvelles écoles pour les profs ouvriront à la rentrée dans les universités, mettant l'accent non seulement sur les matières à enseigner, mais aussi sur la transmission du savoir.© 2013 AFP
Pour mieux faire réussir les élèves, de nouvelles écoles pour les profs ouvriront à la rentrée dans les universités, mettant l'accent non seulement sur les matières à enseigner, mais aussi sur la transmission du savoir.
Les ministres de l'Education nationale Vincent Peillon et de l'Enseignement supérieur Geneviève Fioraso ont présenté lundi à l'Université de Lyon-1 à Villeurbanne (Rhône) les Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (Espé), une par académie, soit une trentaine, qui accueilleront environ 40.000 étudiants en septembre.
Il s'agit de renouer avec la formation initiale des enseignants quasi disparue sous la droite, suivant le principe qu'«enseigner s'apprend», sans reproduire les écoles normales ou les IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres).
Les futurs profs seront formés simultanément aux connaissances académiques (maths, français...) et professionnelles (pédagogie, tenue de classe, s'occuper d'un enfant handicapé, résolution des conflits, numérique...). Ils entreront progressivement dans le métier avec des stages.
«La formation des enseignants est le facteur le plus important pour expliquer la réussite d'un système d'éducation», souligne Eric Charbonnier, spécialiste de l'éducation à l'OCDE.
«Aujourd'hui, les jeunes enseignants connaissent bien leur matière, mais ne sont pas bien préparés à leur métier et sont souvent affectés dans les établissements difficiles».
«Nous réformons (...) parce que les résultats de nos élèves, à tous les niveaux, se sont dégradés», a souligné Mme Fioraso à Lyon-1.
Les Espé constituent «la réforme la plus importante de la refondation de l'école», a déclaré M. Peillon. «Il faut transformer nos pédagogies, nos façons d'évaluer»...
Les Espé, qui formeront les profs de la maternelle à l'université, accueilleront aussi les conseillers principaux d'éducation (CPE), avec certains enseignements communs, pour créer une «culture commune», propice au travail d'équipe.
Résistances
Auparavant, les profs étaient recrutés sur concours sur leurs connaissances académiques sans avoir été confrontés à une classe. Ils étaient titularisés après une année où ils alternaient temps devant une classe et formation.
Cette formation ayant disparu depuis la réforme de la «masterisation» à la rentrée 2010, le recrutement a alors été hissé de bac+3 à bac+5, tandis que les postes aux concours fondaient à cause du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.
Résistances
Conjugué à une dévalorisation des rémunérations, cela a généré une crise des recrutements.
«Proposer une formation de qualité est un moyen de rendre ce métier plus attractif», a relevé en mars Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE.
Désormais, les étudiants des masters Métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation (MEEF), passeront le concours en fin de première année (M1). En deuxième année, les admis feront un stage à mi-temps devant élèves, suivront des cours et prépareront un mémoire.
Les concours évoluent avec «un haut niveau disciplinaire», mais aussi une mise «en situation d'enseignement», selon M. Peillon.
La nouvelle formation, promesse de campagne de François Hollande, suscite des résistances.
On fabrique «à la fois des usines à gaz et des coquilles vides», estime sur son blog Philippe Watrelot, président des Cahiers pédagogiques, parlant de «précipitation».
Le Groupe reconstruire la formation des enseignants (GRFDE), réunissant des chercheurs et formateurs, a demandé au président Hollande de «suspendre le projet», craignant «un affaissement du niveau de connaissances».
«Il y aura une baisse du niveau», estime Thierry Astruc du syndicat Snesup-FSU. «C'est une réforme que tout le monde attendait, mais à l'arrivée, on a encore empiré».
«Vu l'état de la formation depuis la réforme Sarkozy, c'était hors de question d'attendre, de sacrifier une génération supplémentaire», estime William Martinet à l'organisation étudiante Unef. Il devrait y avoir «quelques années d'ajustements».
Les effets d'une réforme sur les résultats des élèves ne sont pas immédiats, prévient M. Charbonnier. «Les premiers effets peuvent être assez rapides, mais légers. En Finlande, la réforme a été réalisée en 1969 et les premiers résultats ont été vraiment très criants vingt ans après».