Arbitrage: Bernard Tapie termine quatre jours de garde à vue
JUSTICE•Il sera soit présenté aux juges en vue d'une mise en examen, soit convoqué à une date ultérieure, soit remis en liberté...20 Minutes avec AFP
Bernard Tapie termine ce vendredi quatre jours de garde à vue dans l'affaire de l'arbitrage Crédit Lyonnais/Adidas, avec à la clé une possible mise en examen, potentiel énième démêlé judiciaire de cet homme d'affaires hors norme et jusqu'à présent insubmersible
Les enquêteurs l'interrogent sur l'arbitrage rendu en 2008 dans son conflit avec le Crédit Lyonnais.La garde à vue de l'homme d'affaires, qui a démarré lundi matin, a été prolongée mercredi de 48 heures. Depuis lundi, Bernard Tapie, 70 ans, dort à l'hôpital parisien de l'Hôtel-Dieu, à deux pas du palais de justice, qui dispose d'une salle spécialisée, la salle Cusco, pouvant accueillir des gardés à vue nécessitant une surveillance médicale. Quatre jours de garde à vue sont possibles lorsque l'enquête porte sur des soupçons de «bande organisée», comme dans l'affaire de l'arbitrage.
L'avocat également en garde à vue
Outre Bernard Tapie, les enquêteurs avaient placé en garde à vue mardi son avocat, Me Maurice Lantourne, et lundi Jean Bruneau, ancien président de l'association des petits porteurs BTF (Bernard Tapie Finances).Ce dernier, âgé de 73 ans, a cependant été libéré jeudi soir sans poursuites. «Ce n'est que justice, ses déclarations n'ont révélé aucun élément permettant de le mettre en cause», a commenté à l'AFP son avocat Me Jean Tamalet.
>> Qui sont les protagonistes de l'affaire Tapie?
A la fin de leur garde à vue, Bernard Tapie et Maurice Lantourne seront soit déférés et présentés aux juges d'instruction en vue d'une mise en examen, soit convoqués à une date ultérieure, soit remis en liberté. Dans cette affaire, les juges d'instruction soupçonnent l'arbitrage - au terme duquel Bernard Tapie s'était vu accorder 403 millions d'euros en 2008 - d'avoir été biaisé à son profit.
Les enquêteurs cherchent notamment à comprendre comment Bernard Tapie a plaidé sa cause à l'Élysée et à Bercy, et quels pouvaient être ses éventuels liens avec les arbitres. Ils soupçonnent Me Lantourne d'avoir eu des relations professionnelles avec l'un des arbitres, Pierre Estoup, et de ne pas en avoir fait état au moment de l'arbitrage, comme l'exige la loi.
«Rien à foutre»
Pierre Estoup a été le premier mis en examen dans le dossier, pour «escroquerie en bande organisée», suivi de Stéphane Richard, PDG d'Orange et ex-directeur de cabinet de l'ancienne ministre de l'Économie et actuelle patronne du FMI Christine Lagarde, et Jean-François Rocchi, ancien patron du CDR (Consortium de réalisation, chargé du passif du Crédit Lyonnais).
Et les enquêteurs devraient prochainement entendre l'ancien secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, dont le rôle dans l'orchestration de l'arbitrage a , selon les témoignages, été central. Avant sa convocation, Bernard Tapie s'était dit «serein», déclarant même à Europe 1 avec sa gouaille et son franc parler habituels «n'avoir rien à foutre» de ce rendez-vous.
Bloqué dans sa chambre-prison, l'ancien chanteur devenu ministre puis comédien, qui a déjà connu les barreaux des prisons de la Santé et de Luynes (Bouche-du-Rhône), a manqué la sortie de son livre, Un scandale d'État, oui!, paru jeudi (Ed. Plon), qui exonère Nicolas Sarkozy de toute responsabilité dans l'arbitrage en sa faveur.