Fraude fiscale: Condamin-Gerbier n'a pas été contacté par Bercy
•Pierre Condamin-Gerbier, l'ex-cadre de la banque suisse Reyl ...© 2013 AFP
Pierre Condamin-Gerbier, l'ex-cadre de la banque suisse Reyl témoin dans l'affaire Cahuzac, a dit jeudi à l'AFP n'avoir pas été contacté par Bercy, à qui il ne remettra de toute façon pas la liste qu'il dit détenir de personnalités politiques ayant un compte bancaire suisse.
Au ministère du Budget, on a relevé que le ministre Bernard Cazeneuve «n'a jamais dit avoir contacté M. Condamin-Gerbier mais l'a simplement appelé publiquement, lors d'une émission de radio, à apporter à l'administration fiscale la liste qu'il prétend détenir».
«Je n'ai eu aucun contact avec le ministre, ni un représentant du ministère du Budget, ni d'aucun autre ministère», a déclaré jeudi M. Condamin-Gerbier. «Personne n'a cherché à me contacter, ni par téléphone, ni par mail, ni par courrier», a-t-il insisté.
«Si j'avais été contacté, j'aurais répondu par politesse, mais si je dois communiquer la liste, je ne le ferai pas auprès de Bercy, je le ferai par voie judiciaire», a précisé M. Condamin-Gerbier. «Je le ferai au bon moment, quand j'aurai pu sécuriser ma situation personnelle et professionnelle», a-t-il ajouté.
Le ministre du Budget Bernard Cazeneuve avait dit mercredi, devant une commission d'enquête du Sénat sur l'évasion fiscale, avoir appelé le matin sur BFMTV/RMC M. Condamin-Gerbier à communiquer à Bercy la liste de noms de ministres et ex-ministres détenteurs d'un compte bancaire en Suisse, qu'il affirme posséder.
«J'ai invité ce matin M. Condamin-Gerbier à se rendre au 139 rue de Bercy de manière à me communiquer cette liste», avait déclaré au Sénat M. Cazeneuve.
«J'invite ce monsieur, s'il a une liste avec des preuves, à les communiquer à Bercy (...) de manière à ce que l'administration compétente à Bercy puisse procéder aux investigations qui relèvent de ses prérogatives, conformément au droit», avait ajouté M. Cazeneuve.
«Si elle (ndlr: la liste) existe, qu'il vienne la donner», avait auparavant demandé le ministre sur BFMTV/RMC. «Comme il dit être menacé, ça ne se saura pas et nous, nous ferons les enquêtes. Nous les ferons totalement, entièrement», avait-il encore dit.
La semaine précédente, M. Condamin-Gerbier avait affirmé devant des sénateurs disposer d'une liste «d'une quinzaine» de noms d'ex-ministres ou de ministres en exercice détenteurs d'un compte bancaire en Suisse, estimant que Jérôme Cahuzac n'était qu'un «fusible».
Livrer des noms de clients de banque à une autorité étrangère équivaut à une violation du secret bancaire suisse et est passible d'une peine de 3 ans de prison, ainsi que d'une amende de 250.000 francs suisses (200.000 euros).