Tilly condamé en appel à la peine maximale, les «reclus de Monflanquin» soulagés

Tilly condamé en appel à la peine maximale, les «reclus de Monflanquin» soulagés

Thierry Tilly, responsable de la ruine d'une famille de notables du Sud-Ouest sous son emprise pendant des années, a été condamné mardi en appel à Bordeaux à dix ans de prison, un jugement accueilli avec soulagement par ses victimes.
Thierry Tilly, responsable de la ruine d'une famille de notables du Sud-Ouest sous son emprise pendant des années, a été condamné mardi en appel à Bordeaux à dix ans de prison, un jugement accueilli avec soulagement par ses victimes.
Thierry Tilly, responsable de la ruine d'une famille de notables du Sud-Ouest sous son emprise pendant des années, a été condamné mardi en appel à Bordeaux à dix ans de prison, un jugement accueilli avec soulagement par ses victimes. - Jean-Pierre Muller AFP
© 2013 AFP

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Thierry Tilly, responsable de la ruine d'une famille de notables du Sud-Ouest sous son emprise pendant des années, a été condamné mardi en appel à Bordeaux à dix ans de prison, un jugement accueilli avec soulagement par ses victimes.

«Pour nous, cette peine de dix ans de prison est un grand succès et un soulagement», s'est aussitôt félicité Me Daniel Picotin, avocat de plusieurs parties civiles: ce jugement est la preuve que «la cour d'appel a parfaitement compris les ravages causés par la manipulation mentale».

L'avocat de M. Tilly, Me Alexandre Novion a dit «comprendre que la peine» prononcée, selon lui «extraordinairement sévère», puisse «réjouir» ceux qui ont été baptisés les «reclus de Monflanquin», car il fallait qu'il fût «absolument coupable pour qu'ils soient absolument victimes». Me Novion entend, à la demande de son client, se pourvoir en cassation.

La cour d'appel de Bordeaux a suivi les réquisitions du ministère public, qui avait demandé 10 ans d'emprisonnement, soit deux de plus que lors de sa condamnation en première instance.

Elle a aussi confirmé la condamnation à cinq ans de privation des droits civiques et civils de M. Tilly, incarcéré depuis 2009.

Enfin, la cour a confirmé les dispositions civiles du jugement de première instance. M. Tilly et son complice Jacques Gonzalez -- condamné à quatre ans de prison, il s'était finalement désisté de son appel-- avaient été condamnés solidairement à payer aux victimes 4,5 millions d'euros au titre de préjudice matériel, et 505.000 au titre du préjudice moral.

C'est à la fin des années 1990, que cet homme surnommé le «gourou» des «reclus de Monflanquin» avait fait la connaissance de la famille de Védrines, des notables aisés, instruits et honorablement connus du Sud-Ouest, avant de les couper du monde et de les ruiner.

Mardi, la majorité des ses victimes étaient présentes à la lecture de l'arrêt dont ils se sont aussitôt réjouis.

«Homme très toxique»

«C'est un soulagement» et «un jugement excessivement juste», a souligné Philippe de Védrines, satisfait que «cet homme très toxique» ait écopé de la peine maximum.

Une satisfaction partagée par son frère Charles-Henri, pour qui cette peine «représente bien la gravité des faits commis». Ce gynécologue bordelais à la retraite dit cependant redouter que le prévenu ne «recommence» à sa sortie de prison car «il est dangereux». «La seule chose qu'il sache faire c'est escroquer», affirme ce sexagénaire.

Après avoir réussi à isoler psychologiquement de leurs proches onze personnes de la famille, issues de trois générations, M. Tilly, 49 ans, a réussi à les convaincre qu'elles étaient victimes d'un complot dont lui seul pouvait les sauver, les délestant de biens estimés à 4,5 millions d'euros.

«Mes enfants ont perdu dix ans de leur vie et ce verdict (...) va leur permettre de se rendre compte que la justice a conscience de ce par quoi ils sont passés», s'est félicitée Christine de Védrines. Cette jeune fille choyée puis épouse pleine de bon sens n'en revient toujours pas de «la mise en jachère» des intelligences opérée par Tilly. Elle a été la première à s'échapper.

Dans un livre qui sort en même temps que l'arrêt, «Nous n'étions pas armés» (Plon) elle décrit de manière simple mais frappante la plongée sous son emprise de la famille, sa propre prise de conscience et l'opération «d'exit counseling» (destinée à contrer la manipulation, ndlr) menée avec Me Picotin pour libérer les autres.

Son mari Charles-Henri et leurs trois enfants Guillaume, Amaury et Diane y livrent aussi le récit de ces dix années.

A l'inverse de sa mère, Amaury, 32 ans, a estimé mardi ne pas avoir de «sentiment de victoire». «Je l'aurai le jour où j'aurai repris le dessus sur ma propre vie mais il y a encore du boulot», a reconnu le trentenaire, conscient d'avoir perdu «le plus belles années de (s)a vie».

Il a d'ailleurs accueilli avec une certaine angoisse l'annonce d'un éventuel pourvoi en cassation.

«On a l'impression qu'il n'y a pas de fin», souligne-t-il tout en se disant également frustré de ne pas avoir entendu Tilly, lors des ses deux procès, reconnaître ce qu'il a fait.