L'agresseur présumé d'un militaire à La Défense mis en examen et écroué
•Le jeune converti à l'islam qui a violemment agressé le 25 mai un militaire en patrouille à La Défense a été mis en examen vendredi pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et écroué.© 2013 AFP
Le jeune converti à l'islam qui a violemment agressé le 25 mai un militaire en patrouille à La Défense a été mis en examen vendredi pour «tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste» et écroué.
Alexandre Dhaussy, 22 ans, avait été arrêté mercredi matin dans un grand ensemble de La Verrière, dans les Yvelines.
Pendant sa garde à vue, il a, de sources proches de l'enquête, reconnu et «totalement assumé» cette agression, expliquant avoir voulu «faire comme à Londres», où un soldat britannique avait été tué en pleine rue trois jours plus tôt par deux islamistes radicaux d'origine nigériane.
«Invoquant Allah» à plusieurs reprises au cours de ses interrogatoires, il a cependant ajouté avoir décidé et prémédité son geste antérieurement au meurtre de Londres, ont précisé ces sources.
Le suspect, converti à l'islam à la fin de sa minorité, a d'autre part indiqué aux enquêteurs qu'il avait, le samedi 25 mai, le projet initial de tuer un gendarme en faction à l'Assemblée nationale, à Paris, et qu'il avait changé d'idée lors du trajet et décidé de s'en prendre à un militaire à La Défense, dans le centre commercial.
Sa garde à vue, qui aurait pu durer jusqu'à 96 heures en matière antiterroriste, n'aura duré que deux jours.
Les deux juges d'instruction antiterroristes saisis de l'enquête, Thierry Fragnoli et Gilbert Thiel, l'ont mis en examen vendredi après-midi pour «tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste», une qualification passible d'une peine de réclusion à perpétuité, selon une source proche du dossier.
M. Dhaussy a ensuite été placé en détention provisoire, a-t-on indiqué de source judiciaire.
L'agression du militaire, blessé à la gorge, avait suscité l'émoi des militaires en France, un peu plus d'un an après les tueries de Mohamed Merah, qui avait froidement assassiné sept personnes, dont trois militaires, avant d'être abattu par la police.
Le militaire agressé à La Défense, Cédric Cordiez, 23 ans, soldat de première classe du 4e régiment de chasseurs de Gap, a quitté lundi l'hôpital Percy de Clamart.
Prière
Après la découverte du sac de l'agresseur, laissé sur place à La Défense et dans lequel se trouvait notamment un couteau, les enquêteurs ont pu dès dimanche «isoler son profil génétique», avait indiqué mercredi lors d'une conférence de presse le procureur de Paris, François Molins.
Alexandre Dhaussy avait été interpellé mercredi dans la cage d'escalier d'un immeuble de La Verrière où vit une de ses amies.
Selon M. Molins, il avait alors évoqué une «volonté de tuer assez évidente» et une «détermination impressionnante».
Le visionnage des images de vidéosurveillance du centre commercial des Quatre-Temps et de la RATP ont permis de constater que «l'auteur des faits, à 17H46, a fait une prière musulmane», soit huit minutes avant l'attaque, selon le procureur. Une heure plus tôt, à 16H44, il achetait deux couteaux dans le centre commercial.
Connu «pour de petits délits», le jeune homme n'avait pas de casier judiciaire mais avait fait l'objet de plusieurs rappels à la loi.
Selon les sources proches de l'enquête, les enquêteurs ont jugé pendant sa garde à vue ses propos souvent décousus, mais disent avoir eu affaire à quelqu'un «d'intelligent voire construit» à d'autres moments, évoquant une «réflexion qui se tenait» et parfois «glaciale à entendre».
Ils ont insisté sur sa «dangerosité», pensent qu'il pouvait se radicaliser, seul, et «recommencer et tuer».
Il a fait l'objet d'un examen psychologique jeudi, qui a notamment jugé que son état était compatible avec la garde à vue et ne nécessitait pas qu'il soit admis dans un service médicalisé ou psychiatrique.
Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, avait estimé qu'il pouvait y avoir «plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de Merah» potentiels en France. Il avait évoqué des «jeunes qui ont déjà eu affaire à la justice pour des faits de délinquance» et «qui se radicalisent» par Internet ou sous l'influence d'imams radicaux.