Retour au fumoir. Les fumeurs de cigarettes électroniques risquent de se voir interdire le vapotage dans les lieux publics. Marisol Touraine a annoncé ce vendredi, journée internationale sans tabac, vouloir interdire l’utilisation des e-cigarettes dans les bars, restaurants, stations de métro, bureaux... et aussi leur vente aux moins de 18 ans.
«Ça m’est égal que la cigarette électronique soit interdite dans les lieux publics. L’objectif pour moi est d’arrêter de fumer et non de pouvoir fumer dans les lieux publics», réagit à 20 Minutes Bernard, qui achète ce vendredi son premier kit de vapotage, après presque 20 ans de tabac. Xavier, un autre consommateur d’e-cigarette, ne prend pas non plus ombrage de cette probable interdiction: «Nous les fumeurs avons pris l’habitude de ne pas fumer dans les lieux publics, alors ça ne nous changera pas», déclare-t-il.
Principe d’exemplarité
Pour Fuu, un fabriquant d'e-liquides et de cigarettes électroniques, c’est justement cette question de privation de liberté contre laquelle la société s’offusque. «Les anciens fumeurs devenus vapoteurs avaient retrouvé le chemin de la convivialité en réintégrant l'espace public et là, on les stigmatise, on les renvoie au fumoir. Non pas au non des dangers du produit mais parce qu'il ressemble à la cigarette», font savoir les dirigeants de Fuu dans un communiqué de presse.
L’exemplarité est l’argument sur lequel se sont appuyées les recommandations du rapport du professeur Dautezenberg remis cette semaine à la ministre des Affaires sociales et de la santé. Sous-entendu: la cigarette électronique ne doit pas se banaliser dans le paysage public pour ne pas laisser croire aux plus jeunes que le fait de vapoter est anodin ou, pire, qu’elle les incite à fumer.
La non-nocivité comme argument des professionnels
Au-delà du principe de liberté individuelle, la non-nocivité du produit sert également de contre-argument. «Je suis en désaccord avec l’interdiction de vapoter dans les lieux publics. Ce n’est pas nocif pour l’entourage. Et la fumée ne dégage pas de mauvaises odeurs. Même s’il y a des incertitudes sur la nocivité du liquide sur le long terme, il est certain que c’est beaucoup moins dangereux que le tabac» explique Lilia, salariée d’une boutique d’e-cigarettes à Paris.
Grégory, gérant d’une autre boutique, est moins catégorique et estime que tout est fonction du moment et du lieu. «Dans un restaurant où se trouvent des enfants, je comprends qu’on l’interdise. Dans le métro ou au cinéma, ça peut nuire à son entourage. Mais dans un bar à 3h du matin, c’est agréable de pouvoir vapoter», relativise-t-il.
Même si les avis divergent sur l’interdiction dans les lieux publics, tous sont unanimes sur l’interdiction aux mineurs. «Les cigarettes électroniques sont faites pour arrêter de fumer et non pas pour commencer à fumer», résume Lilia. Et cette loi de soulever des questions sur l’avenir de la cigarette électronique. Grégory craint une «diabolisation du produit qui conduirait à son interdiction pure et simple» et à la fermeture de sa boutique. Xavier, ex-fumeur de tabac, se demande lui si «l’Etat ne va pas bientôt augmenter la taxe sur la cigarette électronique pour pallier le manque à gagner de la baisse des ventes de cigarettes.»