La vraie vie de Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin, sur France 3

La vraie vie de Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin, sur France 3

Il fut pendant onze mois secrétaire de Jean Moulin et témoin ...
© 2013 AFP

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Il fut pendant onze mois secrétaire de Jean Moulin et témoin privilégié de l'unification compliquée des mouvements de résistance: Daniel Cordier, 92 ans, revit cette période dans «Alias Caracalla, au coeur de la Résistance», un film en deux épisodes diffusé samedi et dimanche à 20h50 sur France 3.

Ce film émouvant et pudique a été réalisé par Alain Tasma d'après «Alias Caracalla» (Gallimard, 2009), les mémoires de Daniel Cordier, auteur d'une biographie monumentale de Jean Moulin, premier président du Conseil national de la Résistance (CNR).

Il sera projeté lundi en début d'après-midi aux élèves du lycée Buffon à Paris en présence de François Hollande et de Daniel Cordier, à l'occasion du 70e anniversaire de la première réunion du CNR à Paris.

Le président de la République aura auparavant reçu à déjeuner à l'Elysée six Compagnons de la Libération, dont Daniel Cordier et Fred Moore. A l'issue de la projection du film, François Hollande devrait prononcer un discours.

«J'ai pleuré pendant les trois heures de la projection», avoue à l'AFP Daniel Cordier qui a retravaillé six versions du scénario initial avec Georges-Marc Benamou et Raphaëlle Valbrune.

Le réalisateur a pris le parti de faire jouer le rôle de Daniel Cordier, de son départ pour Londres en juin 1940 à l'âge de 19 ans jusqu'à la signature de l'acte de naissance du CNR, par un jeune acteur de 17 ans Jules Sadoughi. Celui-ci campe un Daniel Cordier encore adolescent, jeune maurrassien exalté, qui va devenir le secrétaire de Jean Moulin, un républicain convaincu.

«L'obstination» de Jean Moulin

«Jules Sadoughi est extraordinaire, c'est lui qui fait le film», assure Daniel Cordier. A Londres le 14 juillet 1940, «c'est vrai, nous étions une armée de 600 enfants et de collégiens, dont certains avaient quinze ans, pour former la +Légion de Gaulle+ avec 750 marins et 900 légionnaires, soit l'ensemble de la France Libre», raconte Daniel Cordier.

Ramassages de courriers, transports d'armes et d'émetteurs radio, codage et décodage de télégrammes, distribution d'argent, gestion des rivalités et des susceptibilités des mouvements de résistance : le film raconte aussi la Résistance au jour le jour.

Il met aussi en avant, selon le mot de Daniel Cordier, «l'obstination» de Jean Moulin à unifier tous les mouvements de résistance sous l'autorité du général de Gaulle.

L'ancien secrétaire de Jean Moulin apprécie les décors du film, tourné en grande partie dans les traboules (passages dans les immeubles d'une rue à l'autre) et les rues du Vieux Lyon. Plusieurs scènes ont même été tournées dans le bouchon lyonnais (petit restaurant traditionnel) où Daniel rencontra pour la première fois en août 1942 Jean Moulin avant de prendre la direction de son secrétariat et la responsabilité de la distribution des fonds aux mouvements de Résistance.

Les auteurs se sont également attachés à reproduire à l'identique les dialogues de Jean Moulin avec les chefs des mouvements de résistance, en présence de Daniel Cordier, et les échanges quotidiens entre Jean Moulin et son secrétaire. Échange chaque matin sur l'organisation de la vie matérielle de la Résistance et échanges, chaque soir lors du dîner au restaurant, sur la culture.

Daniel Cordier, initié à la peinture par Jean Moulin, devint après la guerre un important marchand de tableaux et a fait à deux reprises des dations très importantes aux musées français.

Dans un livre d'entretiens avec Paulin Ismard («De l'Histoire à l'histoire», Gallimard, 152 pages) qui vient de paraître, il revient longuement sur sa méthode d'historien de la Résistance qui a toujours privilégié les documents d'archives, françaises, allemandes et britanniques, aux témoignages des acteurs.

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