Ouverture du procès Tony Meilhon, accusé d'avoir tué et démembré Laetitia Perrais près de Pornic
JUSTICE•La mère de Tony Meilhon et la famille Patron ne pourront pas être parties civiles au procès...Guillaume Frouin
Gilles Patron et sa famille ne pourront pas demander de dommages et intérêts. La cour d’assises de Loire-Atlantique a en effet rejeté mercredi leur demande d’être parties civiles, au premier jour du procès de Tony Meilhon pour avoir enlevé et tué Laëtitia Perrais en janvier 2011 près de Pornic. La question était ultra-sensible : entre-temps, le père de la famille d’accueil de Laëtitia a été mis en examen pour « viols » et « agressions sexuelles » sur Jessica, la sœur jumelle de l’adolescente.
L'adolescente absente de l'audience
Celle-ci était d’ailleurs absente à l’ouverture de l’audience – bien que la confrontation avec le meurtrier présumé de sa sœur soit une «nécessité psychique», selon son avocate. «Elle ne souhaite pas être confrontée à son agresseur», plaide Cécile de Oliveira. En outre, du point de vue du droit, une constitution de partie civile n’est recevable que si les faits ont causé un préjudice « direct » au demandeur... Ce qui ne serait pas le cas pour la famille Patron – qui accueillait les deux sœurs simplement parce qu’elle était rémunérée par les services sociaux. «Cette affaire a provoqué peine, tristesse et effroi pour toutes les personnes qui connaissaient ses protagonistes», justifie Florence Lecoq, l’avocate générale. «Cette souffrance n’est pas contestée... Mais la nature de ce contrat rend son préjudice indirect.»
Des « photos de famille »
«Jusqu’en avril 2012 [date de la révélation des viols sur Jessica, ndlr], personne ne contestait cette constitution de partie civile», rétorque de son côté Pascal Rouiller, avocat de Gilles Patron et de sa famille. Pour prouver que son client n’est pas qu’un simple «hôtelier qui héberge», ce dernier a d’ailleurs montré aux jurés des «photos de famille» de Laëtitia heureuse, en compagnie du couple Patron, au ski ou à la mer... En vain.
«Pirouette» procédurale ?
Les magistrats ont également [écarté] la constitution de partie civile d’une autre « victime par ricochet » de Tony Meilhon : celle de sa propre mère. Une «pirouette», selon l’avocat de l’accusé, pour échapper à son statut de témoin : la défense lui reproche d’avoir failli dans l’éducation de son fils. «Elle revendique le droit à ne pas comparaître comme complice, co-coupable et responsable», proteste Yvon Chotard, l’avocat de la mère de Tony Meilhon. En vain, là encore.