POLICEZone de sécurité prioritaire, mode d'emploi

Zone de sécurité prioritaire, mode d'emploi

POLICE«20 Minutes» revient sur la philosophie de la méthode de Manuel Valls pour lutter contre la délinquance...
William Molinié

William Molinié

Après la police de proximité, les unités territoriales de quartiers (Uteq), les brigades spécialisées de terrain (BST), Manuel Valls a débarqué en septembre 2012 ses zones de sécurité prioritaires (ZSP), une promesse du candidat François Hollande. Une nouvelle méthode de traitement de la délinquance qui se veut locale, globale et personnalisée.

Quels sont les quartiers placés en ZSP?

Les premières zones ont été installées en septembre 2012. Initialement au nombre de 15, il y en a aujourd’hui 64. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, en a précisé la philosophie au cours de ces derniers mois. «Ce n’est pas une marque», mais un «laboratoire de pratiques applicables partout», a-t-il indiqué au site du Parisien.fr ce lundi. Ces territoires sont principalement situés dans le nord et dans le sud de la France, en région parisienne et grenobloise.

Quelle est cette méthode?

A partir d’un constat des formes de délinquance dans un quartier spécifique, l’idée globale de la ZSP est de concentrer les moyens de l’Etat pour faire baisser efficacement le nombre de délits. BAC, policiers, gendarmes, services d’investigations, justice, transports, bailleurs sociaux, mairies, éducation nationale, inspection du travail, impôts, pôle-emploi, associations, URSSAF sont ainsi mis en réseau afin de fixer des objectifs précis et d’assurer un suivi judiciaire et socio-éducatif aux jeunes délinquants.

Huit mois après, quel bilan?

Le ministre de l’Intérieur et la ministre de la Justice, Christiane Taubira, se sont targués ce lundi à Lyon d’un bilan positif. Ils estiment que «la méthode, basée sur le partenariat, est la bonne» et que «les premiers résultats sont là». Manuel Valls est revenu sur une des expériences qu’il a qualifié d’«originales»: la contravention du délit de l’usage de drogue.

La délinquance se déplace-t-elle?

C’est une des réserves du syndicat de gardiens de la paix Alliance. Un représentant de l’organisation, joint par 20 Minutes, estime que «les dealers changent de hall d’immeuble et s’introduisent dans d’autres quartiers des villes. Ils s’adaptent eux aussi aux méthodes de la police». Ce syndicaliste attribue également, par exemple, la hausse des cambriolages dans le 18e arrondissement à la concentration des effectifs dans la ZSP de la Goutte d’Or. «La ZSP attire toutes les patrouilles. Du coup, il n’y a plus assez d’effectifs dans les autres quartiers», dit-il.

Comment la police a accueilli cette réforme?

A son arrivée au ministère de l’Intérieur, Manuel Valls a placé des hommes de confiance aux postes stratégiques: direction générale de la police nationale et préfet de police, entre autres. Ces derniers sont chargés de faire appliquer sa méthode. Mais les policiers «de la base» disent souffrir d’un manque de moyens. «Rien n’est fait pour nous motiver. Travailler dans une ZSP, c’est considéré comme une vraie tare», explique un gardien de la paix d’une ZSP francilienne. Par ailleurs lorsqu’un commissaire d’une ZSP demande des renforts auprès de commissariats voisins, la requête peut-être mal perçue par ces derniers, alors obligés de travailler à effectifs réduits.

Des moyens supplémentaires?

Manuel Valls a annoncé à Lyon que près de 2.500 policiers sortiront à la fin de l’année des écoles de police, contre 500 l’année dernière. Par ailleurs, plusieurs ZSP bénéficieront de 270 policiers et gendarmes supplémentaires, qui y seront spécialement affectés bientôt. Pour motiver les troupes, la prime de résultats exceptionnels (PRE) pour les policiers et gendarmes pourrait être en partie distribuée «collectivement» dans les ZSP. Enfin, des postes de gradés pourraient être ouverts en nombre dans les quartiers concernés afin de permettre à ceux qui y postulent de prendre du galon.