PORTRAITL'étonnant itinéraire de Thomas Fabius

L'étonnant itinéraire de Thomas Fabius

PORTRAITRetour sur le parcours de Thomas Fabius, tour à tour entrepreneur ambitieux, accro au jeu et éphémère chroniqueur télé...
M.P.

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«Les seuls soucis des Fabius viennent de son fils Thomas, né en 1981, un joueur invétéré aujourd'hui interdit de casino». Un des proches de Laurent Fabius, cité par le JDD mi-avril dans un article sur le patrimoine du ministre des Affaires étrangères, avait vu juste. Le Point a en effet révélé mardi que Thomas Fabius était visé par une enquête préliminaire sur les conditions d’achat d’un appartement de 280 m2 à Paris pour la somme de 7 millions d’euros, alors qu’il ne paie pas l’impôt sur la fortune (ISF). Une transaction qui a fait l’objet d’un signalement de Tracfin en juin dernier. Immédiatement, le cabinet de Laurent Fabius a fait savoir que le ministre n’était «en rien concerné par les affaires de Thomas Fabius», ajoutant que Fabius junior «n’a bénéficié d’aucune donation ou héritage familial».

Le fils aîné du ministre, âgé de 32 ans, n’en est pas à sa première incursion dans la rubrique justice. En 2011, il a été condamné à 15.000 euros d’amende pour abus de confiance après la plainte de deux ex-associés. Ces deux hommes avaient fait affaire avec Thomas Fabius pour développer un système de carte à puces et auraient fourni de l’argent, dont ils soupçonnent qu’il aurait pu servir son amour du jeu au casino. Un amour immodéré qui l’amène à être interdit de jeu dans les casinos français.

Un autodidacte accro au jeu qui a été GO au club Med

Un premier accroc pour ce jeune homme au parcours atypique. Le bac à 16 ans, Thomas Fabius semble suivre le chemin brillant de son père sur le plan des études. Mais au bout de deux ans de prépas HEC, il échoue au concours de la prestigieuse école de commerce. Le jeune homme ne persévère pas et file faire le GO dans un Club Med grec, en tant que prof de tennis. Le jeune homme est ambitieux, il apprendra sur le tas. Il se fait embaucher par le groupe Accor «où il est passé en quatre ans de la plonge aux ventes», rapporte Le Figaro. Il a notamment été le gérant-adjoint du plus grand Novotel d’Europe, à Bagnolet.

Puis il co-fonde une chaîne de crèches d’entreprises, People and Baby, en 2004, à 24 ans, ce qui lui vaudra une importante couverture médiatique à l’époque. Interrogé à l’époque par L’Express, Thomas Fabius déclarait notamment, au sujet de son nom: «Pour décrocher un marché, il ne suffit pas de porter un patronyme connu. C'est la compétence qui prime. Mais mon nom est un avantage comparatif. D'abord, il suscite la curiosité de mes clients potentiels et m'ouvre des portes. Et puis, ma société bénéficie d'une énorme couverture médiatique. C'est le bon côté du statut d'"enfant de": si vous faites quelque chose de votre vie et si vous n'êtes pas totalement antipathique, on parle de vous! Le mauvais côté, c'est que je resterai un "fils de" tant que je ne me serai pas forgé ma propre légitimité...»

Saint-Trop’, le Fouquet’s et une ex-miss France

Il quitte pourtant cette société deux ans plus tard pour ouvrir sa société de conseil TF Conseils, société sur laquelle il dit avoir garanti son emprunt pour l’achat de l’appartement, même si selon Le Point, l’aventure n’est pas une franche réussite. Les comptes de l’entreprise montrent qu’il ne se verse ni salaire ni dividende.

Un brin dandy, toujours tiré à quatre épingles, il s’affiche souvent au bras de jolies femmes, dont une ex-miss France et, rapporte le Figaro, passe ses vacances à Saint-Trop’ et déjeune souvent au Fouquet’s . Une incursion dans le people qui amène ce touche-à-tout à s’essayer à la télévision lorsqu’il devient chroniqueur dans l’émission de Benjamin Castaldi «Langues de Vip» sur TF1 en 2006. Une brève expérience puisque l’émission s’arrête rapidement faute d’audience.

Thomas Fabius a de nouveau fait parler de lui à la rubrique faits divers à la fin de l’année 2012 lorsqu’une source judiciaire a indiqué qu’il était visé par une enquête préliminaire pour «tentative d'escroquerie et faux» à la suite d'une plainte. C’est d’ailleurs cette affaire qui a amené, selon Europe 1, les enquêteurs à s’intéresser de près aux comptes du fils du ministre. Il aurait laissé en gage dans un casino marocain une fausse montre de valeur, ce qui a poussé l’établissement à porter plainte.