Reclus de Monflanquin: peine maximale requise en appel contre Tilly
Le ministère public a requis jeudi devant la Cour d'appel de ...© 2013 AFP
Le ministère public a requis jeudi devant la Cour d'appel de Bordeaux la peine maximale de dix ans de prison contre Thierry Tilly, qui serait coupable «d'une entreprise de vampirisation financière et morale» à l'encontre d'une famille de notables du Sud-Ouest, totalement ruinés.
La Cour a mis son arrêt en délibéré au 4 juin à 14H00.
«Ma conviction est intacte quant à la culpabilité de Thierry Tilly et au châtiment» qui doit lui être infligé, a dit l'avocat général Pierre Bellet qui avait déjà requis la même peine lors du premier procès.
Le magistrat, qui a réclamé la plus haute peine de prison encourue par M. Tilly, a également demandé à la Cour qu'elle prononce une peine de cinq ans de privation de droits civiques et civils ainsi que l'interdiction définitive de diriger une entreprise commerciale ou artisanale.
Il a revanche requis une relaxe partielle pour les faits concernant les deux premières années d'emprise, période qui s'est étalée entre 1999 et 2009, la loi qualifiant la notion de sujétion psychologique étant entrée en vigueur en juin 2001.
«Ce sont des faits exceptionnels» de «vampirisation financière et morale», a-t-il jugé.
Tilly, qui a écopé de huit ans de prison en prison en première instance, est un «mythomane stratégique (...) un menteur, un vantard, un hâbleur, un imposteur». Un «grand escroc», aussi, qui «exploite les failles psychologiques» de ses victimes, a martelé M. Bellet.
Il use d'une vaste palette de techniques manipulatoires pour mettre «en état d'embrigadement» psychique ses victimes, a poursuivi le magistrat, convoquant les expertises psychiatriques et psychologiques versées au dossier.
Il a d'abord «séduit ses interlocuteurs», les de Védrines, une riche famille du Sud-Ouest, avant de leur distiller le poison d'un «discours récurrent sur un complot franc-maçon, rose-croix, homosexuel, juif», conduisant «onze personnes à croire» en cette machination, a martelé M. Bellet.
Dénonçant le «machiavélisme» du prévenu, M. Bellet a encore jugé l'état de sujétion psychologique et l'abus de faiblesse caractérisés : Tilly a placé ses victimes en état de «séquestration psychique» pour mieux les séparer de leurs proches et du monde avant de les pousser à se cloîtrer, dans leur demeure de Monflanquin (Lot-et-Garonne) puis en Angleterre, et de les dépouiller progressivement de leurs biens qu'ils ont fini par vendre pour environ 4,5 millions d'euros.
Le tout, principalement à son profit. Car pour M. Bellet, Tilly est bien «l'instigateur principal» de cette escroquerie : Jacques Gonzalez, condamné avec lui en première instance à quatre ans de prison mais qui s'est désisté de son appel, n'est que son «faire-valoir».
Un peu plus tôt, les avocats des parties civiles avaient réclamé la confirmation des sommes allouées en première instance par le tribunal correctionnel de Bordeaux (environ 4,5 millions de préjudice matériel, 505.000 euros de préjudice moral), Me Daniel Picotin, spécialiste des questions d'emprise mentale, épinglant «le désir d'emprise» qui habite Thierry Tilly et sa «capacité à faire du +cousu main+ avec ses victimes».
«Ce procès me fait l'effet d'un procès en sorcellerie», a répliqué le conseil de Tilly, Me Alexandre Novion. Il «est convaincu qu'il va sauver cette famille». Reprenant la thèse avancée en première instance, il a soutenu que «l'instigateur», c'est au contraire Gonzalez.
Tilly «ne mérite pas dix ans», il n'est qu'un «exécutant», a-t-il encore dit. «Ce procès ne doit pas être celui du triomphe de la psychologie sur le droit», a encore lancé Me Novion à l'adresse de la Cour.
Invité à s'exprimer à la fin du procès, Thierry Tilly, plus que prolixe à l'ouverture des débats lundi, a sobrement signifié qu'il s'en tenait «aux propos de (son) avocat et à la confiance que j'ai placée en lui».