Reclus de Monflanquin : le show Tilly recommence devant la Cour d'appel
•"Roi d'Israël", neveu de la reine d'Angleterre et même membre ...© 2013 AFP
«Roi d'Israël», neveu de la reine d'Angleterre et même membre de la riche famille qu'il est soupçonné d'avoir escroquée : Thierry Tilly, «gourou» présumé de Monflanquin, a noyé lundi matin sous une invraisemblable logorrhée la Cour d'appel de Bordeaux, à l'ouverture de son procès.
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«Je suis roi d'Israël», «membre de la famille royale d'Angleterre, la Reine est ma tante», a lancé de sa voix fluette le présumé «gourou» de Monflanquin, rejugé, cinq mois après une première condamnation à huit ans de prison pour avoir conduit à la ruine une famille de notables du Sud Ouest.
Interrogé par le président de la Cour, Michel Barrailla, sur les raisons de son appel, il a alors ouvert les vannes d'un discours tout à la fois boursouflé, incohérent et apparemment délirant. Tilly, qui avait déjà donné un aperçu de sa prolixité lors du premier procès, se targue d'une prestigieuse filiation : la famille d'Angleterre, le général de Gaulle («j'ai assisté à sa mort dans son bureau»), l'héritage du philosophe Raymond Aron... Il n'est pas simplement «citoyen israélien», il est le «roi» de l'Etat hébreu.
Au final, une logorrhée de plusieurs minutes qui agrège pêle-mêle l'équipe de football de Sochaux, un album Panini, Greenpeace, dont Tilly serait le fondateur, de même qu'il est «l'homme le plus riche de France»... Les avocats des parties civiles s'esclaffent, et même Me Alexandre Novion, l'avocat du prévenu.
Plus cyniquement, il revendique être de la «même famille» que les de Védrines, les aristocrates qu'il est soupçonné d'avoir dépouillé de leurs biens (environ 4,5 millions d'euros), suscitant des murmures indignés sur les bancs des parties civiles. Et il récuse «l'intégralité» des faits reprochés : «je n'ai aucun intérêt matériel à détourner l'argent de ma famille».
Tout cela relève d'une «stratégie» qui ne saurait tromper la Cour, a glissé à la suspension d'audience Me Daniel Picotin, l'un des avocats des parties civiles.
Auparavant, au début des débats, un vif échange avait opposé le prévenu au président de la Cour : alors que ce dernier donnait lecture de ses précédentes condamnations, M. Tilly a intimé au magistrat l'ordre de ne pas les citer, au motif qu'elles seraient «caduques» ou «non inscrites à (son) casier judiciaire».
«Vous répondrez quand je vous donnerai la parole (...) Vous voulez que votre procès se tienne?», lui rétorque M. Barrailla. «Pourquoi pas, M. le président?», glisse le prévenu à la silhouette étriquée, avant de se faire plus déférent.
Pendant cette première matinée, Me Novion a regretté les «tartarinades» de son client, et également soulevé plusieurs exceptions de nullité, concernant notamment l'ordonnance de renvoi et les expertises. Elles ont été versées au fond par la Cour.
Avant l'audience, il avait déclaré à la presse qu'il était impossible à son client d'accepter un jugement qui fait de lui «un être machiavélique».
Nous allons «replonger dans quelque chose que nous avons vécu» des années durant, avait déclaré de son côté l'une des victimes présumées de M. Tilly, Ghislaine Marchand. «C'était un cauchemar terrible. Plus j'avance et plus je me rends compte à quel point nous avons été esquintés».
Thierry Tilly comparaît seul après le désistement de son complice présumé Jacques Gonzalez, condamné en première instance à quatre ans de prison.
Le 13 novembre, le tribunal correctionnel de Bordeaux avait condamné les deux hommes à indemniser les victimes de leur préjudice matériel (un peu plus de 4,6 millions d'euros au total) et de leur préjudice moral (505.000 euros).
Le tribunal avait dénoncé l'extrême gravité des faits, considérant que Thierry Tilly avait su «exploiter les failles (...) mésententes (...) rivalités (...) et mesquineries» d'une famille par une série de «pressions et de techniques psychologiques».
Le procès doit s'achever vendredi.