Stéphane Sirot: «Les opposants au mariage pour tous tirent leurs dernières cartouches»
INTERVIEW•Stéphane Sirot, historien spécialiste des mouvements sociaux analyse la radicalisation de certains opposants au mariage pour tous…Propos recueillis par Delphine Bancaud
Pourquoi certains opposants au mariage pour tous ont-ils durci le ton ces derniers jours?
Le fait d’arriver au terme du processus parlementaire nourrit une forme de radicalité. Les opposants au mariage pour tous savent qu’une fois le texte définitivement adopté, il leur sera difficile de mobiliser sur le sujet. Ils tirent donc leurs dernières cartouches, qui se veulent plus percutantes. Le contexte politique les encourage aussi à l’action. Le gouvernement étant affaibli avec l’affaire Cahuzac, ces militants se sentent d’autant plus légitimes dans leur contestation d’une loi emblématique du quinquennat de François Hollande.
L’accélération du débat parlementaire semble aussi avoir échauffé les esprits…
Oui car les anti mariage pour tous ont l’impression de ne pas être écoutés. Cela prouve selon eux, que le gouvernement veut leur couper l’herbe sous le pied. Une partie d’entre eux estime aussi que le gouvernement est plus déterminé sur cette réforme de société que sur certains dossiers économiques et sociaux.
Comment expliquez-vous que les groupuscules extrémistes qui s’opposent à ce texte soient de plus en plus visibles?
Les mouvements intégristes paraissent toujours plus actifs que leur capacité militante réelle, car leurs initiatives coup de poing marquent les esprits. Ils profitent du fait que le mouvement anti mariage gay n’est pas homogène, mais composé de multiples associations et groupuscules. Il est donc difficile à contrôler et peut être plus facilement le théâtre de débordements.
Pensez-vous que la mobilisation des anti mariage pour tous va décliner après leur manifestation du 5 mai?
Sans doute, mais une fois la loi votée, on peut imaginer que les groupuscules les plus radicaux iront troubler les premières célébrations de mariages.