Procès de la collision d'Allinges: les victimes racontent une scène de guerre

Procès de la collision d'Allinges: les victimes racontent une scène de guerre

Les élèves et leurs professeurs rescapés de la collision entre ...
© 2013 AFP

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Les élèves et leurs professeurs rescapés de la collision entre leur car et un TER à un passage à niveau en 2008, qui avait tué sept de leurs camarades à Allinges (Haute-Savoie), ont raconté au quatrième jour du procès avoir assisté à «une scène de guerre».

«J'ai eu l'impression d'être dans un film de guerre quand un soldat reçoit une grenade», a déclaré lundi Grégoire, l'un des collégiens grièvement blessés, à la barre du tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains.

L'adolescent, projeté à plusieurs dizaines de mètres face contre terre, s'était relevé et était parvenu malgré ses blessures à rejoindre une maison, transformée pour la circonstance en centre de secours et devenue un «bain de sang», a-t-il raconté d'une voix chevrotante devant une assemblée retenant son souffle.

Les parties civiles, marquées par un sentiment de culpabilité, se sont succédé lundi pour livrer le récit glaçant de cette journée pluvieuse de juin 2008. Comme ce père en sanglots qui a expliqué sa «gêne» d'être aux côtés de sa fille vivante «quand d'autres sont parties».

Le 2 juin 2008, un TER assurant la liaison entre Evian-les-Bains et Genève avait percuté ce car scolaire en Haute-Savoie, tuant sept collégiens âgés de 11 à 13 ans et faisant 25 blessés. Le professeur qui avait organisé la sortie s'était suicidé 45 jours plus tard.

«C'était une scène de guerre. J'avais l'impression que nous étions après un bombardement», avait témoigné un peu plus tôt la voix nouée par l'émotion Marc-Laurent Lavy, l'un des enseignants qui accompagnait les collégiens dans le car.

Les traits tirés, ce professeur d'allemand d'une trentaine d'années avait également évoqué «la panique» dans le car quelques secondes avant le choc, alors que les enfants étaient poussés à l'avant du car.

L'air abattu, M. Lavy a ensuite narré comment il avait tenté de secourir les adolescents après la collision, notamment une collégienne, Joanna, «qui hurlait le martyre», puis une autre jeune fille, Fanny, qui décédera dans ses bras.

Un témoignage relayé par sa collègue professeur de sports, Béatrice François, qui en découvrant la scène en sortant du car a dit s'être «retrouvée sans humanité».

«J'étais un zombie, je vais de corps en corps , je ne vois plus les vivants», a déclaré le regard fixe l'enseignante.

La SNCF et Réseau ferré de France (RFF) poursuivis pour homicides et blessures involontaires, de même que le chauffeur du car, avaient expliqué vendredi ne pas avoir été alertés de la dangerosité du passage à niveau.

Le passage à niveau n°68 n'était pas classé dans la liste des 364 passages «préoccupants», établie notamment en fonction du nombre d'accidents recensés sur ces points de passage.

«Je suis en colère! Je ne connais pas les règles du business, mais qui ils étaient pour nous imposer ça», a fustigé Mathilde, jeune rescapée en s'adressant aux deux entreprises à qui elle reproche «de se cacher derrière les règles».

«Il n'était pas répertorié, mais il fallait juste du bon sens», a-t-elle lancé rejointe dans sa colère par une camarade Margot, qui a a demandé que «RFF et la SNCF assument leurs erreurs».

«Il est décevant que M. Pepy ne soit pas là ! On parle pas d'argent mais de la vie de sept jeunes, il peut être un peu plus humain», a-t-elle ajouté, alors que le président de la SNCF cité comme témoin, a fait savoir la semaine dernière qu'il se ferait représenter.

A la demande d'un avocat des parties civiles, le procès se transportera mercredi pendant une heure trente au passage à niveau d'Allinges. Il doit durer jusqu'au 12 avril.

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