Le parcours du combattant d'une victime d'usurpation d'identité
SECURITE•Dalila Bouhezila a appris en 1998 qu'une autre femme s'était fait passer pour elle. Aujourd'hui, son combat continue pour retrouver l'intégralité de son identité...William Molinié
Prouver son identité. Cela devrait, pour le commun des Français, être un jeu d’enfant. Mais pour Dalila Bouhezila, cette reconnaissance, a priori anodine, a été le combat de plusieurs années. En octobre 1998, elle apprend avoir été victime d’une usurpation d’identité, quand sa mairie lui délivre un acte de naissance stipulant, à tort, qu’elle est déjà mariée. Elle porte plainte, une enquête est ouverte. A deux reprises, il s’avère qu’une autre femme inconnue s’est vue délivrer à sa place son acte de naissance, utilisé ensuite pour un dossier de mariage et de carte nationale d’identité.
L’année suivante, les policiers retrouvent la trace de cette femme, incarcérée alors à Fleury-Mérogis (Essonne), pour une affaire de mœurs. Jugée à Valenciennes en 2000, elle a été condamnée à douze mois de prison avec suris pour prise du nom d’un tiers dans des actes publics..
Une proposition d'amendement
«C’est à vous de prouver qu’il s’agit bien de vous. Personne n’est là pour vous accompagner», regrette aujourd’hui Dalila qui a depuis créé une association. «Bien souvent, vous apprenez que vous êtes victimes lors des interpellations, rattrapés par les huissiers ou les banquiers.» Ce n’est qu’en 2004, soit huit ans après les faits que le tribunal a annulé le mariage frauduleux.
Mais l’inscription sur l’acte de naissance est restée. Dalila se bat depuis pour faire retirer de son acte d’état civil la mention du mariage qui n’a jamais existé. Face au refus des juges, le député communiste de sa circonscription, Alain Bocquet, a déposé à l’Assemblée nationale le mois dernier une proposition d’amendement pour faire disparaître des documents officiels les conséquences de ces types de fraudes.