Les ex-Continental devant les prud'hommes pour faire invalider leurs licenciements
20 Minutes avec AFP
Près de 700 anciens de Continental espéraient ce mardi que les prud'hommes, trois ans après, sanctionneraient à leur avantage le fabriquant de pneus pour fermeture sans cause économique suffisante de son usine de Clairoix (Oise), même s'ils savent qu'ils ne seront pas réintégrés. Le conseil des prud'hommes de Compiègne a entamé le jour même l'examen du cas de quelque 680 ex-salariés qui demandent l'invalidation de leurs licenciements pour absence de motif économique -ce que conteste l'entreprise allemande--, ainsi que des dommages et intérêts.
Juste avant le début de l'audience, 200 à 300 anciens «Conti» se sont réunis en assemblée générale devant un gymnase de Margny-lès-Compiègne, réaménagé en tribunal à l'occasion des trois jours d'audience. Xavier Mathieu, délégué CGT, a rappelé la décision prise le 14 février par le tribunal administratif d'Amiens, qui a annulé les licenciements de 22 anciens salariés protégés, dont lui-même, pour absence de motif économique.Les «Conti» ont ensuite voté des motions visant à prendre contact avec les syndicats d'autres sites de Continental, notamment en Allemagne, et à verser 7.500 euros aux ouvriers grévistes de l'usine PSA d'Aulnay.
Deux à quatre ans de salaires en dommages et intérêts
Pour le délégué CFTC, Antonio Da Costa, une décision défavorable aux ouvriers «provoquerait la colère des salariés, parce que ce serait incompréhensible». Continental «s'est servi de la crise comme effet d'aubaine pour supprimer 1.120 salariés, alors que dès l'année d'après, elle a augmenté de 85% ses résultats», a dénoncé Me Alexandra Soumeire, qui défend 150 ex-salariés.
Dans un communiqué, la direction de Continental a assuré que la fermeture de Clairoix était «inéluctable» en raison des problèmes du secteur automobile dès 2008. La firme a ajouté avoir respecté les engagements du plan social. Selon elle, 53% des anciens salariés ont retrouvé un emploi en CDI, en CDD de plus de six mois ou en créant leur entreprise. L'avocat de l'entreprise, Me Patrick Thiébart, a souligné que «les bénéfices faits sont des bénéfices au niveau global, mais certainement pas en Europe, encore moins en Europe de l'Ouest», où la filière automobile est en «grande difficulté». «Continental (...) a plusieurs usines qui tournent à vide», a-t-il insisté.
Les anciens employés de Continental demandent l'équivalent de deux à quatre ans de salaires en dommages et intérêts. En revanche, ils ne pourront prétendre à une réintégration au sein de Continental, selon Me Soumeire, d'où la nécessité d'une «législation qui permettrait au juge d'apprécier les motifs économiques avant la fermeture de l'usine». L'audience est dirigée par une magistrate professionnelle, entourée de conseillers prud'homaux (deux représentants des employeurs et deux représentants des salariés). La décision devrait être mise en délibéré jeudi.