Ce que l'on sait sur le «scandale de la viande de cheval»
ALIMENTATION•Y a-t-il des risques pour la santé? Quels produits sont concernés? «20 Minutes» fait le point sur l'affaire...M.Gr.
Le «scandale de la viande de cheval» s'emballe. Après les révélations, d’abord outre-manche puis en France, sur la présence de viande de cheval dans des plats cuisinés, 20 Minutes revient sur les éléments marquants et les zones d’ombre de cette affaire hippique.
Par où le scandale arrive?
A la mi-janvier, la Food safe authority d’Irlande (FSAI) identifie de l’ADN de cheval dans des hamburgers surgelés vendus outre-manche dans les magasins Tesco, Iceland, Lidl et Aldi. En France, face à des suspicions de «présence potentielle de viande de cheval dans des recettes devant contenir 11 à 18% de viande de bœuf», Findus arrête, le 4 février, l’approvisionnement de certains lots chez «l’un de ses fournisseurs de viande qui ne pouvait garantir la conformité de ses approvisionnements». Vendredi, la marque Findus annonce également retirer des points de vente français trois de ses produits.
Quels produits sont concernés?
En France, sont concernés cannellonis ou spaghettis bolognaise, moussaka ou hachis Parmentier. Après l'arrêt de leur production, Findus a également annoncé vendredi le retrait de la vente de ces produits. La veille, l’entreprise avait reconnu que des lasagnes surgelées commercialisées en Grande-Bretagne et en Suède avaient également été retirées des rayons de certains magasins.
Quels magasins sont touchés?
Outre-Manche, ce sont les rayons des magasins Tesco et Aldi qui ont été vidés, jeudi, de leurs paquets de Lasagnes «Today's Special». En France, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a confirmé, dimanche, que Auchan, Casino, Carrefour, Cora, Système U, Monoprix et Picard avaient, eux aussi, retiré de leurs rayons des plats préparés vendus par Findus ou son fournisseur Comigel.
D'où venait cette viande?
C'est là que ça se complique. Findus, dont certains produits contenaient de la viande de cheval, se fournissait auprès d'une usine luxembourgeoise du groupe français Comigel, qui se fournissait elle-même auprès de Spanghero, filiale du groupe Pujol. Ce groupe a acquis de la viande surgelée via un négociant chypriote qui avait sous-traité la commande à un trader situé aux Pays-Bas, ce dernier s'étant fourni auprès d'un abattoir et d'un atelier de découpe en Roumanie. Les lasagnes en question étaient vendues par la société luxembourgeoise Tavola, filiale de l'entreprise française Comigel, qui distribue les articles de Findus dans 16 pays.
Un problème de traçabilité?
Cette multiplication des intermédiaires pose inévitablement la question de la traçabilité de la marchandise. «Il faut sortir de ce brouillard», a d’ailleurs indiqué le ministre de l'Agriculture, ce lundi. «Le nombre d'intermédiaires est tellement important qu'il y a une perte de capacité à maîtriser la traçabilité», a ajouté Stéphane Le Foll.
Quels risques pour la santé?
Si, en soit, manger du cheval ne pose aucun problème particulier, la présence possible dans cette viande de phénylbutazone, un anti-douleur administré aux chevaux, pourrait s'avérer plus problématique. Le ministre de l’Environnement britannique, Owen Paterson, a d'ailleurs déclaré, dimanche, que la viande de cheval, si elle était contaminée par cet anti-inflammatoire, pourrait être nuisible à la santé humaine.
Quelles suites à cette affaire?
Les gouvernements français et britannique ont d'ores et déjà promis de sanctionner les personnes responsables d'avoir autorisé la viande de cheval originaire de Roumanie à être vendue en tant que viande de bœuf. En France, une enquête judiciaire est en cours et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) menait, ce lundi, des inspections dans plusieurs entreprises, notamment au siège de Cogimel à Metz et au siège de Spanghero, à Castelnaudary. Spanghero, le fournisseur français de la viande pour des lasagnes de Findus, avait de son côté affirmé, samedi, poursuivre le producteur roumain auprès duquel il s'était approvisionné. Et le groupe agroalimentaire Findus, s'estimant «trompé», avait quant à lui annoncé qu'il déposerait une plainte contre X dès ce lundi.
Toujours en France, les professionnels de la filière étaient convoqués ce lundi à 16h30 au ministère de l'Economie et des Finances pour faire le point avec l'ensemble des acteurs de la filière agroalimentaire. En Roumanie, si le Premier ministre a affirmé qu'aucune fraude concernant la vente de viande de cheval sous l'étiquette «boeuf» n'avait été commise dans son pays, il s'est également dit très irrité par les accusations.
Pourquoi de la viande de cheval?
L'explication pourrait être liée à une loi, votée en 2007 en Roumanie. Cette année-là, le gouvernement roumain décide d'interdire la circulation sur les axes principaux des quelque 750.000 attelages que comptait encore le pays. Une décision destinée à lutter contre les accidents de la route, mais qui a conduit nombre de propriétaires à faire abattre leurs chevaux. D'où une chute des cours de la viande chevaline. «Donc comme le prix de la viande chevaline s'est effondré en Roumanie (…) il y a des affaires juteuses à faire», a dénoncé José Bové samedi, n’hésitant pas à parler d'une «une mafia de la viande».
Et si ce n’était pas du cheval?
Que la viande de bœuf aie été remplacée par de la viande de cheval… C’est une chose. Mais si cette viande de cheval n’en était finalement pas ? C’est qu’une partie de la viande vendue en France, Grande-Bretagne et Suède, pourrait bien être de la viande d’âne, comme le révèle The Independent, cité par Le Huffington Post. Une hypothèse qui ne manquerait pas de sel.