Euthanasie: François Hollande interpellé sur la radiation d'un urgentiste
Avec Reuters
Plus de 240 médecins ont adressé une lettre ouverte à François Hollande et au Conseil de l'Ordre pour demander la suspension de la radiation de l'urgentiste Nicolas Bonnemaison, mis en examen pour sept cas d'euthanasie de patients âgés en fin de vie.
Cette initiative révélée mercredi par Sud-Ouest a été lancée par une anesthésiste de Bayonne et signée par 243 personnes, dont deux anciens directeurs d'hôpitaux, quinze professeurs d'universités, et une soixantaine de médecins du Centre hospitalier de la Côte Basque où officiait le docteur.
Signataires «indignés»
Les signataires, qui se disent «indignés» par la radiation prononcée le 24 janvier par l'Ordre des médecins, décision contre laquelle les avocats du médecin ont fait appel, demandent la «suspension immédiate» de cette mesure.
«Du fait du secret de l'instruction, les membres de la chambre n'ont jamais eu accès aux dossiers médicaux des patients», peut-on lire dans le courrier adressé au président français mais aussi à la ministre de la Santé Marisol Touraine, à la ministre déléguée chargée des Personnes âgées Michèle Delaunay et au président du Conseil de l'Ordre des médecins Michel Legmann.
Les signataires soulignent que pour fonder sa décision, le Conseil de l'Ordre n'a pas tenu compte du rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) qui avait examiné en 2011 25 dossiers de personnes décédées au sein de l'Unité d'hospitalisation dirigée par le docteur Bonnemaison.
Mis en examen pour empoisonnements
Ils relèvent qu'il y est fait état de «décisions de limitation des traitements avant l'hospitalisation, le plus souvent collégiales», alors qu'il est reproché au médecin d'avoir pris des décisions seul. Selon eux, «les familles sont associées dans la plupart des cas» aux décisions et aucune d'entre elles n'a déposé plainte.
Nicolas Bonnemaison avait été mis en examen en août 2011 puis en janvier 2012 pour empoisonnements sur sept personnes particulièrement vulnérables, des patients très malades dont il aurait abrégé la vie au service des urgences de son hôpital.
Soupçonné d'euthanasie active sur neuf patients au total, le médecin a ensuite été placé sous le statut de témoin assisté pour un huitième cas de décès suspect mais n'a pas été poursuivi pour un neuvième cas suspect dénoncé par l'Igas.