Des escroqueries à la carte bancaire repérées à grande échelle
JUSTICE•Ce mardi, 22 personnes ont été interpellées pour escroqueries à la carte bancaire dans toute la France. Les enquêteurs estiment qu’il s’agit des prémices d’un vaste réseau qui aurait fait des milliers de victimes…Elsa Provenzano
Une enquête menée par la section de recherches de Toulouse et les gendarmes du Lot a mis à jour un réseau avec des ramifications internationales. La Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Bordeaux a été saisie du dossier. Pierre Bellet, premier vice procureur au parquet de Bordeaux, parle d’ « un réseau criminel parfaitement organisé et d’une grande technicité». 150 gendarmes ont été mobilisés sur l’ensemble du territoire national pour permettre ces premières interpellations. Ils ont à la fois procédé à des perquisitions en ligne, à l’insu des escrocs, et à leurs domiciles.
Un site vendant des numéros de cartes bancaires
Tout commence avec le dépôt de plainte d’une société en 2011 qui a mis en cause un habitant du Lot. Les enquêteurs découvrent ensuite que les victimes sont disséminées dans toute la France. Des forums hébergés à l’étranger seraient au cœur du système de fraude. «Ce sont des sortes de C discount version cartes bancaires », selon Patrice Reveillac, adjudant à la section de recherche de Toulouse. « Ceux qui sont férus d’informatique peuvent avoir accès à ces sites », estime Pierre Bellet. Les personnes arrêtées, âgées de 16 à 50 ans, ont acheté et/ ou revendus des numéros de cartes acquis illégalement. Ils leur ont permis soit d’encoder de fausser cartes, soit de faire des achats sur internet. Les numéros de cartes ont été récupérés par la méthode du phishing, c'est-à-dire que les escrocs se sont fait passer pour un organisme de confiance (administration ou banque) pour récupérer des informations confidentielles. « Les sites sécurisés comportent des failles que les hackers savent utiliser », pointe Patrice Reveillac.
Le préjudice par carte est évalué à 1200 euros en moyenne. Le préjudice total, selon une estimation basse, serait lui de l’ordre de 6 millions d’euros. La saisie et la confiscation du patrimoine des personnes soupçonnées, en particulier des biens immobiliers, sont envisagées. Ces premières arrestations ne sont qu’une première étape du démantèlement, puisque une coopération internationale va permettre d’identifier les têtes pensantes du réseau, qui fonctionne depuis le milieu de l’année 2010. Pour les chefs d’accusation d’escroquerie en bande organisée, de recel, de blanchiment et d’association de malfaiteurs, les auteurs présumés encourent 10 ans de prison.