Mal-logement: Ils vivent à cinq dans une pièce de 10 m2
LOGEMENT•Le rapport de la Fondation Abbé-Pierre présenté ce vendredi dénonce le mal-logement...Delphine Bancaud
Une pièce de 10m2 pour dîner, dormir et tenter de vivre à cinq. Karima et Choukri Jendoubi ne peuvent rien offrir de mieux à leurs filles de 3, 7 et 9 ans, pour l'instant. Lui est chef de rang intérimaire. Elle est contractuelle de la Ville de Paris à temps partiel. A eux deux, ils gagnent 1.700 euros brut par mois auxquels s'ajoutent 455 euros d'allocations familiales. Pas assez pour se loger dans le parc privé.
Alors, il y a dix ans, une de leurs connaissances, qui loue un deux-pièces, leur propose l'hospitalité. Ce qui devait être un logis temporaire est devenu leur nid de fortune. Et la famille s'est agrandie au fil du temps. «Chaque mois, on participe aux charges, en donnant 250 euros. C'est important pour nous», souligne Choukri.
La famille prioritaire du Dalo
Tous les soirs, c'est le même rituel: la cadette joue en silence, pendant que ses sœurs font leurs devoirs. Ensuite, les Jendoubi dînent rapidement, pour ne pas trop déranger leur hôte. Puis, les matelas entassés dans un coin de la pièce, sont déployés. «On est obligé de se coucher à 21h pour laisser les filles dormir», précisent Choukri et Karima. Les vêtements sont entassés dans le couloir et les jouets se font rares, faute de place. «Le week-end, on essaie de sortir pour laisser notre ami tranquille», raconte Choukri.
«Cette situation pèse sur mes nerfs. Avant je prenais du Lexomil pour tenir le coup. Mais j'ai arrêté», confie Karima. En 2008, la famille a été reconnue prioritaire au titre de la loi Dalo (droit au logement opposable). Mais leur situation ne s'est pas débloquée pour autant. «J'ai rencontré plusieurs fois le maire de mon arrondissement, j'ai écrit à Bertrand Delanoë, à Nicolas Sarkozy et à Cécile Duflot. Et j'ai contacté plusieurs associations. Mais on attend toujours», explique Karima.
Actuellement, la famille est accompagnée dans ses démarches par Les Enfants du canal. Car malgré les déceptions, les Jendoubi restent combatifs. «Ma fille aînée cache la vérité à ses amies. Elle me demande chaque soir quand elle aura sa chambre. Je lui dis que notre situation s'arrangera un jour, mais quand?», s'interroge Karima.