Militantes tuées: Une association affirme que le suspect n’est pas kurde
Avec agences
Une organisation kurde en France a contesté mercredi que l'homme mis en examen pour l'assassinat à Paris de trois activistes kurdes, dont une figure historique du PKK, soit un Kurde ou un militant.
Le dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) Murat Karayilan a démenti mercredi tout lien entre le PKK et l'un des deux suspects détenus à Paris après les meurtres de trois militantes du PKK, accusant la Turquie d'être impliquée dans ces crimes. Le parquet de Paris a ouvert lundi une information judiciaire pour "assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" dans le cadre de l'enquête sur la mort de trois militantes kurdes.
Les trois femmes, dont Sakine Cansiz, membre fondatrice du PKK, ont été tuées le 9 janvier de plusieurs balles dans la tête alors qu'elles se trouvaient au Centre d'information du Kurdistan, à Paris. Ce triple meurtre est intervenu en pleine négociation entre le gouvernement turc et Abdullah Öcalan, le chef emprisonné du PKK, pour tenter de trouver une solution politique à un conflit qui a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.
La piste turque privilégiée par les Kurdes
Murat Karayilan, chef exécutif du PKK, a déclaré dans une interview accordée à l'agence de presse Firat, liée aux insurgés, que le gouvernement menait une "guerre psychologique" plutôt que de rechercher sincèrement une solution au conflit. Omer Guney, chauffeur de l'une des trois militantes assassinées, a été placé en garde à vue lundi, selon le parquet de Paris. Il a déclaré appartenir depuis deux ans au PKK et a démenti les accusations portées contre lui. «Cette personne n'a absolument pas de relation avec le PKK et avec la direction du PKK», a déclaré Karayilan depuis sa base du nord de l'Irak, ajoutant que Guney avait néanmoins participé plusieurs fois à des manifestations.
«Nous n'avons aucun doute sur le fait que l'Etat turc a été impliqué dans cette affaire», a-t-il ajouté. «Nous ne voyons pas d'approche sincère et digne de confiance du côté du gouvernement de l'AKP pour résoudre le problème. Si un processus de paix est vraiment recherché, ce style et cette posture de guerre psychologique doivent être abandonnés. C'est important que les parties se respectent les unes les autres», a-t-il dit.
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avait évoqué la piste d'un règlement de comptes interne à la rébellion kurde pour expliquer le meurtre des trois militantes. Les dirigeants kurdes ont émis quant à eux l'hypothèse d'une opération clandestine de nationalistes turcs. Le PKK, qui a pris les armes en 1984 afin d'obtenir un statut d'autonomie pour les Kurdes de Turquie, est considéré comme une organisation "terroriste" par Ankara, les Etats-Unis et l'Union européenne.