Mulhouse: L'intelligence artificielle pour comprendre les piétons

Mulhouse: L'intelligence artificielle pour comprendre les piétons

Avec Reuters

Avec Reuters

Les déambulations des piétons dans le centre-ville de Mulhouse (Haut-Rhin) n'auront bientôt plus de secret pour la municipalité qui expérimente un «analyseur de flux» mis au point par un laboratoire alsacien. Développée au sein de l'Institut franco-allemand de Saint-Louis (ISL), un établissement de recherche binational lié à la Défense, cette caméra dotée d'un moteur d'intelligence artificielle repère et comptabilise les trajectoires humaines, zone par zone, dans un espace déterminé.

«Nous disposions des comptages manuels mais le taux d'erreurs était important et ça coûtait très cher. Quant aux systèmes à faisceaux laser, ça ne marche pas quand vous avez trois copines qui passent bras-dessus-bras-dessous», explique Jean François Girardin, directeur de l'Aménagement des territoires à la ville de Mulhouse. Autre atout : au contraire des caméras de vidéosurveillance, les analyseurs de flux ne capturent pas d'image et ne requièrent aucune déclaration auprès de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil).

Décrypter les usages de la rue

Mais pourquoi compter les piétons ? Pour Mulhouse, qui dispose de dix caméras, il s'agit de décrypter les usages de la rue dans le cadre d'un plan de revitalisation du centre-ville: savoir par où l'on entre et sort, quelles vitrines sont les plus attractives, où implanter un panneau d'information ou quand lancer une animation.

Le Laboratoire européen pour l'intelligence sensorielle (Elsi pour European laboratory for sensory intelligence), créé en 2009 au sein de l'ISL, cherchait de son côté un terrain d'expérimentation pour ses travaux sur de nouvelles générations de capteurs. «C'est une technologie qui permet d'implanter plus de 1.000 processeurs sur un même composant pour moins de 60 euros et d'effectuer 100.000 reconnaissances par seconde», explique son directeur, Pierre Raymond.

L'application développée par le laboratoire apprend à la machine à reconnaître un objet - ici le piéton - sans le confondre avec ce qu'il n'est pas, par exemple un pigeon. «On arrive à compter jusqu'à 9.000 personnes par heure avec une granulométrie (la distribution statistique) à l'heure, à la minute, au mois», ajoute le scientifique. Le taux d'erreur n'est que de 5%.

Commercialisation en juin

La zone analysée, de 20 mètres par 25, peut être divisée en sous-secteurs, permettant de connaître le côté de la rue préféré des piétons, leur sens de passage ou les points qu'ils évitent. Après deux années de développement mené en partenariat avec la ville, l'ISL vient de signer un contrat de transfert de technologie avec une entreprise haut-rhinoise, I-Care, spécialiste de la signalisation routière dynamique et du radar pédagogique.

Antony Mezzarobba, son gérant, est convaincu des perspectives commerciales du produit. «Toutes les villes de plus de 10.000 habitants qui ont des perspectives touristiques avec des galeries commerciales et des rues piétonnes, font du comptage au moins deux fois par an et 90% le font manuellement», affirme-t-il. Les organisateurs de foires et salons, tout comme les supermarchés, devraient également s'y intéresser, selon lui. L'entreprise prévoit de lancer la commercialisation en juin.