JUSTICEAmnésique, elle découvre qu'elle a été violée grâce à une séance d'hypnose

Amnésique, elle découvre qu'elle a été violée grâce à une séance d'hypnose

JUSTICECécile* a saisi la Cour de cassation pour réclamer un allongement des délais de prescription encadrant les crimes sexuels...
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

Tout a commencé par un cri. Un hurlement même. «C’était le nom de mon agresseur. Ensuite, toutes les images sont revenues», résume Cécile*. Victime de mal-être, elle avait poussé la porte d’un hypnotiseur autant par hasard que par désespoir. En une seule séance, cette quadragénaire venait de prendre conscience qu'elle avait été violée alors qu’elle n’avait que cinq ans. «D’abord, je me suis dit que j’étais dingue, poursuit-elle. J’en ai parlé à mes proches. Puis j’ai écrit au procureur, même si je savais très bien qu’une plainte trente-cinq ans après les faits n’avait aucune chance d’aboutir...»

38% des victimes oublient tout

Déboutée en première instance, puis en appel, Cécile a formé, mercredi 9 janvier, un pourvoi en cassation pour réclamer un allongement des délais de prescription encadrant les crimes sexuels. «Aujourd’hui, pour obtenir un procès, il faut porter plainte au maximum dix ans après les faits, explique Gilles-Jean Portejoie, son avocat. C’est impossible quand on les découvre trente-cinq ans plus tard. D’autant que l’amnésie de ma cliente a été causée par ce viol.» Publiée en 1994, l’étude américaine William a, en effet, démontrée que 38% des victimes de viols durant l’enfance présentaient une amnésie complète dix-sept ans après les faits.

«L'impression de tourner le film de mon viol»

«Les souvenirs sont revenus d’un coup, témoigne Cécile. Douleurs, odeurs, lieux: j’avais l’impression de tenir une caméra et de tourner le film de mon viol.» Et il ne s’agissait pas de faux souvenirs induits. Interrogé par les gendarmes, l’agresseur présumé de Cécile a confirmé tous les détails donnés par la plaignante. «Sauf qu’il a nié m’avoir violée, regrette-elle. Aujourd’hui, je voudrais juste avoir le droit à un procès pour que la justice puisse faire son travail. Je pense que de nombreuses victimes sont dans le même cas que moi.» D’après la dernière enquête de l’Office nationale de la délinquance, entre 50.000 et 70.000 femmes sont victimes de viols chaque année en France.

* Le prénom a été modifié