Mariage pour tous: Pourquoi ils sont contre
SOCIETE•Ils iront manifester dimanche, voici leurs arguments...Corentin Chauvel avec Reuters
Le projet de loi «ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe» prendra le chemin de l’Assemblée nationale dans quelques jours avec un débat en commission des lois avant son examen en séance publique par les députés. A trois jours de la grande mobilisation anti-mariage pour tous, 20 Minutes fait le point sur les arguments des principaux acteurs qui défileront dimanche.
Frigide Barjot: «Il ne faut pas que disparaissent du Code civil les mots père et mère»
Figure de proue du collectif «La Manif pour tous», l’humoriste réclame que le droit civil «préserve pour tous, les enfants d'abord, la réalité et l'égalité d'être né et de grandir dans l'amour d'un homme et d'une femme, père et mère». «Il ne faut pas que disparaissent (du Code civil) les mots père et mère pour laisser la place à des termes indifférenciés», estime-t-elle. Comme beaucoup d’opposants au mariage pour tous, Frigide Barjot, qui se dit par ailleurs «contre l’homophobie», ne voit aucune raison d’aller plus loin que le Pacs, union civile à laquelle les homosexuels ont droit depuis 1999.
L’institut Civitas: «C'est de la folie qui mènera à toutes les dérives»
Proche des catholiques intégristes, son président, Alain Escada, estime que le mariage pour tous est une dénaturation du mariage, de la parenté et une défiguration du concept de famille. C'est aussi pour lui «la boîte de Pandore qui va permettre demain que d'autres revendiquent le droit à un mariage polygame, que d'autres revendiquent le droit à un mariage incestueux, c'est de la folie qui mènera à toutes les dérives». Surtout, il s’agit pour lui d’un «cheval de Troie dont le principal objectif est de renforcer la normalisation de l’homosexualité».
L’UMP: Une «alliance civile» plutôt que le mariage pour tous
Pour Christian Jacob, chef de file des députés UMP, ses parlementaires sont profondément attachés «à l'institution du mariage, union d'un homme et d'une femme qui ont vocation à devenir père et mère et fonder une famille». Ils proposent une alternative sous forme d’«alliance civile», ouverte aux couples homosexuels, qui «répondrait aux attentes majeures des partisans d'un contrat protecteur pour les homosexuels». «La solennité d'une cérémonie devant un officier d'état civil en mairie, l'obligation de fidélité, d'assistance et de secours entre les alliés, la sécurité juridique lors de la dissolution avec la possibilité pour le juge d'attribuer une prestation compensatoire» en feraient partie.
Christine Boutin: «On sera amené à accepter la polygamie»
Pour la présidente du Parti chrétien-démocrate, comme pour l’Eglise, le mariage pour tous invoque «un sujet de civilisation», qui est «ni droite, ni de gauche» et qui pourrait «changer les donnes de l’organisation de notre société». Christine Boutin craint qu’avec le mariage pour tous, l’homme et l’enfant deviennent des «objets de consommation». Pour elle, il ne peut y avoir de mariage qu’entre un homme et une femme car celui-ci «assure, par la relation charnelle qui existera après, l’espérance de la naissance». De plus, «le mariage civil n’est pas une question d’amour, mais de fidélité et de solidarité», indique-t-elle. Et Christine Boutin va plus loin: «Il est vraisemblable que si l'on accepte le mariage homosexuel, on sera amené dans les années à venir à accepter la polygamie en France».
L’Eglise: «L’authentique forme de la famille» menacée
Pour le pape, qui ne défilera pas dimanche mais dont la parole représente celle des catholiques, le mariage pour tous porte atteinte à «l'authentique forme de la famille», ce lieu «où se transmettent les formes fondamentales du fait d'être une personne humaine», constituée «d'un père, d'une mère et d'un enfant». Le mariage pour tous représente ainsi selon lui «le refus de ce lien» qui fait disparaître «les figures fondamentales de l'existence humaine, le père, la mère, l'enfant». L'Eglise juge cependant que les droits des homosexuels doivent être garantis.