Il y a 2,5 millions de personnes illettrées en France
RAPPORT•C'est en recul...© 2012 AFP
L'illettrisme a reculé en France ces dernières années, mais concerne toujours 7% des adultes de 18 à 65 ans, soit 2,5 millions de personnes, selon une étude de l'Insee rendue publique mardi.
Au total, 16% des personnes de 18 à 65 ans résidant en France métropolitaine éprouvaient en 2011, des difficultés dans les domaines fondamentaux de l'écrit, selon cette enquête Information et vie quotidienne (IVQ). Pour 11% d'entre elles, ces difficultés étaient graves ou fortes.
Mais ce pourcentage inclut des étrangers n'ayant pas été scolarisés en France, alors que par définition, l'illettrisme ne s'applique qu'aux personnes ayant été scolarisées dans le pays et ne maîtrisant pas suffisamment les compétences de base en lecture, écriture et calcul pour être autonomes.
La génération avant 1946 exclue
Parmi celles ayant été scolarisées en France, 7% étaient dans ce cas, et pouvaient donc être considérées comme illettrées.
Lors de la précédente enquête menée sur le même thème en 2004, 12% des personnes interrogées étaient dans une situation préoccupante par rapport à l'écrit et 9% étaient illettrées, soit quelque 3 millions de personnes.
L'Insee explique cette amélioration notamment par «l'exclusion du champ de l'enquête 2011 de la génération née avant 1946 présentant un taux élevé de personnes en difficulté (un tiers) et par la prise en compte de jeunes «nés après 1986, pour lesquels ce taux est relativement plus faible (soit 10%)».
Selon l'Insee, «cet "effet génération" reflète le développement de l'accès à l'enseignement secondaire» qui était «très faible pour les générations nées avant-guerre».
Collés en calcul ?
L'enquête, fondée sur un questionnaire soumis à 14.000 personnes avec des exercices reprenant des situations de la vie quotidienne (programme TV, CD de musique, ordonnance médicale...), montre que les jeunes de 18 à 29 ans s'en sortent globalement mieux que leurs aînés en lecture et en compréhension orale.
En revanche, la part des personnes très à l'aise en calcul est en baisse par rapport à 2004. 16% des 18-65 ans ont des performances médiocres dans ce domaine et la part des personnes très performantes âgées de 18 à 30 ans est passée de 36% à 33% entre 2004 et 2011.
L'Insee y voit notamment un «effet calculette», l'usage des outils informatiques amoindrissant «sans doute chez les plus jeunes l'intérêt à maîtriser parfaitement les règles de base du calcul».
L'enquête relève également un «écart marqué» entre hommes et femmes dans ce domaine: près de 20% des femmes ont des résultats médiocres en calcul contre 14% des hommes, et seulement 24% de femmes ont d'excellents résultats contre 35% des hommes.
Cet «avantage masculin» dans les disciplines mathématiques apparaissait déjà en 2004, relève l'Insee, précisant qu'il s'inverse à l'écrit, les femmes ayant l'avantage en la matière (avec 17% d'hommes en difficultés contre 15% de femmes).
L'Insee rappelle que le niveau de compétence des adultes est fortement lié au pays et à la langue de scolarisation. Parmi les 16% de personnes en difficulté à l'écrit, le taux bondit à 61% chez celles scolarisées hors de France dans une autre langue que le français et à 31% chez celles scolarisées hors de France mais en français.
Outre l'enquête nationale, l'Insee a réalisé plusieurs études régionales.
Celle portant sur l'Ile-de-France montre qu'un million de personnes (13%) sont en difficulté importante face à l'écrit dans la région. Ces personnes ont notamment des difficultés à lire une carte, comprendre un contrat ou rédiger une demande d'emploi. Un chômeur sur six est concerné.