Poitiers: Quatre hommes mis en examen pour avoir occupé le chantier d'une mosquée
JUSTICE•On leur reproche notamment des faits de vol et de provocation publique à la haine...20 Minutes avec AFP
Les quatre hommes présentés lundi devant un juge d'instruction de Poitiers pour avoir occupé samedi le chantier de la mosquée de la ville ont été mis en examen et placés sous un strict contrôle judiciaire, a-t-on appris auprès du parquet.
Pour trois d'entre eux, les mises en examen ont été prononcées pour, d'une part, «organisation d'une manifestation publique n'ayant pas fait l'objet d'une déclaration préalable dans les conditions fixées par la loi», pour «provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, par des discours proférés dans un lieu ou réunion publics et par des placards ou affiches exposées au regard du public» et, enfin, pour «vol et dégradations de biens commis en réunion et portant sur des tapis de prière appartenant à la mosquée de Poitiers».
Cinq ans de prison encourus
Ce dernier délit est puni de cinq ans d'emprisonnement maximum. L'organisation d'une manifestation sans déclaration préalable est réprimée de six mois de prison et la provocation à la haine raciale d'un an de prison.
Pour le délit de provocation à la haine raciale ou religieuse, le parquet a retenu comme élément constitutif de l'infraction «le fait d'investir dans le cadre d'une action concertée et préméditée la terrasse d'une mosquée en construction, en déployant trois banderoles, l'une affichant le nom du mouvement "Génération identitaire", les deux autres portant les mentions "732" et "souviens-toi, Charles Martel", faisant ainsi directement référence à la bataille de Poitiers de 732», détaille le parquet dans un communiqué.
Membres de «l'organe décisionnel» de Génération Identitaire
Il relève aussi qu'ont été scandés des «slogans prônant l'affrontement avec les communautés arabe ou musulmane», comme «Charles Martel, Charles Martel, Charles Martel», «l'identité, on s'est battu pour la reprendre, on se battra pour la défendre», etc. Un des quatre hommes, qui n'était pas sur la mosquée, s'est présenté samedi matin à la police de Poitiers pour l'informer de l'action en cours, se disant «chargé de faire le lien» avec elle. Il a été mis en examen pour organisation de manifestation publique sans autorisation et complicité de provocation publique à la haine, mais pas pour vol.
Deux autres étaient sur la terrasse et ont aussi eu «un rôle actif» comme porte-parole du mouvement dans le cadre de la négociation engagée avec les autorités. Le quatrième a été identifié et filmé comme l'homme qui détenait le mégaphone utilisé pour lancer les slogans «proférés et repris par les 73 manifestants», observe le parquet. Ces trois derniers ont été mis en examen pour l'ensemble des trois chefs d'information.
Selon le parquet, trois des quatre hommes ont indiqué être membres de «l'organe décisionnel» de l'association Génération Identitaire. Le contrôle judiciaire leur interdit toute activité associative ou sociale en lien avec la mouvance identitaire, de sortir des limites territoriales du département de leur domicile -avec obligation de pointage hebdomadaire auprès des services de police- et d'avoir des contacts avec toutes les personnes ayant participé à la manifestation, selon la même source.