Mosquée de Poitiers: «Génération identitaire cherche la médiatisation pour trouver des militants»
EXTREME DROITE•Plusieurs dizaines d'identitaires ont occupé une mosquée de Poitiers samedi pour protester contre «l'islamisation de la France»...Vincent Vantighem
Ils avaient pris l’habitude d’organiser des «apéros saucisson-pinard». Ou encore de réveiller tout un quartier de Bordeaux au son du muezzin pour l’alerter sur «l’islamisation de la France». En déployant, samedi, des slogans évoquant Charles Martel sur le toit de la future mosquée de Poitiers (Vienne), les identitaires ont voulu marquer les esprits à deux semaines de leur congrès national (lire ci-dessous).
«Ces derniers temps, leur mouvement a été secoué sur des questions de stratégie, explique Jean-Yves Camus, chercheur spécialiste de l’extrême droite. Les dirigeants ont donc l’intelligence de chercher la médiatisation pour trouver des militants.» Cela semble fonctionner. Estimés à quelques centaines en France, les Identitaires ont étendu leur d’influence. «Avant ils disposaient de deux bastions à Nice et Lyon, poursuit Jean-Yves Camus. Aujourd’hui, ils ont ouvert un bureau permanent à Toulouse et à Bordeaux.»
«Ceci est une déclaration de guerre!»
Le discours, lui, n’a pas changé. «Nous avons cessé de croire que Kader pouvait être notre frère […]. Ce texte n’est pas un simple manifeste, c’est une déclaration de guerre», peut-on ainsi lire sur le site de Génération identitaire, le groupe de jeunes à l’origine de la manifestation de samedi. «Le phénomène inquiète. Ces gens-là ne sont pas les plus calmes, confie Yannick Danio, délégué national du syndicat de gauche Unité-Police. Leur discours sur l’islam est en phase avec ce qui se dit dans une partie de la classe politique.»
Et le phénomène s’avère difficile à contrer. Si quatre identitaires ont été interpellés après la manifestation de Poitiers, «ce ne sont pas des gens qui cherchent à se battre physiquement car cela décrédibiliserait leur action», explique Jean-Yves Camus. Réclamée par une partie de la gauche, «la dissolution de ce groupe» ne semble pas être, non plus, la solution. Il y a dix ans, les identitaires s’étaient formés sur les cendres du groupe d’extrême droite Unité radicale, trois mois après son dissolution.